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Titre du blog : L'onirothèque
Auteur : Kun
Date de création : 02-06-2011
 
posté le 02-06-2011 à 23:03:57

La colère d'Assouan

[Voici le deuxième écrit que j'ai produit et terminé, quatre ans après le premier. Il reprend les personnages de "La princesse voleuse" mais au fond ils ne sont pas les mêmes. J'ai produit cette nouvelle suite à une colère que je voulais retranscrire dans une situation précise. J'aime bien faire des situations courtes mais chargées d'émotions. Bonne Lecture!]

 

[Attention, ce récit peut choquer les plus jeunes d'entre vous. Il parle de mort et d'injustice, si vous ne vous sentez pas de continuer la lecture, je vous en pris, abstenez-vous. Merci d'avance!]

 

Huit heures. Cela faisait huit heures qu’il était comme ça.

Ils étaient venus hier vers les dix heures. Depuis, il est inconscient. Ou presque. Ils sont venus chercher les enfants, et comme il les avait hébergés, ils l’accusaient, lui, d’être un traître. Un traître.

Sans le moindre avertissement, ils l’avaient assommé et l’avaient embarqué avec les enfants. Les enfants. Des jeunes sans rien, sans parents, sans maisons, sans aides car leurs parents pensaient différemment des autres. Leurs parents avaient dit que tous, autant différents que possible, étions capable de vivre chacun en harmonie avec les autres, dans la plus grande tolérance possible.

Cela n’avait pas plu aux autorités religieuses de la région. Assouan le savait car il travaillait aux postes, et comme le courrier, les idées des supérieurs religieux passaient par lui, du moins comme commérage.

Pourtant, il n’avait pas réfléchit quand, en rentrant chez lui en fin d’après-midi, il avait trouvé ces six enfants mendiants. Ils les avaient pris avec lui et les avait aidés à se reposer. Ils avaient marchés pendant deux jours dans le désert avant d’arriver dans le village. Par simple bonté d’âme et en suivant sa religion, il les avait aidés, comme on aide son prochain. C’était, selon les écritures, la meilleure voie pour atteindre le paradis.

Eux non plus n’avaient pas réfléchit quand ils sont entrés chez lui. «Les as-tu aidé?» avait demandé le chef du groupe.«Oui, comme il est écrit dans Le Livre.» il avait répondu.

Puis plus rien. On l’avait assommé, et sûrement transporté avec les enfants.

 

En tout cas il venait de se faire réveiller sur la grande place. On l’avait attaché sur un mur de colonnes. Ses liens étaient solides et lui brûlaient la peau sur les avant-bras. Son torse était bien attaché lui aussi, ainsi que ses jambes. En fait, c’était tout son corps qui lui faisait mal. Il était tenu de part en part par des cordes solides. Comme un criminel. Il leva la tête et aperçu les enfants. Attachés par les bras et suspendus à un tronc, leurs pieds les supportaient à peine. Certains étaient inconscients, les autres pleuraient. Seul l’aîné du groupe était silencieux et regardait ses tortionnaires avec du dégoût, de l’incompréhension, de la peur, et du défi.

Il les avait menés dans le désert et il avait enduré bien plus de souffrance qu’Assouan n’imaginait possible avant leur venue, jusqu’à qu’il lui raconte. Ce n’était rien d’être malmené ainsi par rapport à tout ce qu’il avait dû vivre après la mort de ses parents.

Assouan tourna la tête et vu ceux qui étaient venu les chercher hier. C’était des gens de la police religieuse. Comme lui, ils suivaient les préceptes, comme lui, ils connaissaient les écritures. Pourquoi alors l’avaient-ils emporté? Pourquoi recherchaient-ils ces pauvres enfants? Ils n’avaient rien fait si ce n’est ce prendre les pierres que l’on destinait à leurs parents.

Il était six heures à l’horloge de la place. Mirah devrait arriver dans dix minutes de son voyage vers la capitale.

Les hommes de la police religieuse faisaient du raffut. Ils haranguaient la foule venue voir ce rassemblement.

Assouan compris alors qu’il était sur l’estrade des exécutions. Il regarda, apeuré, au alentour mais il ne connaissait personne particulièrement qui aurait pu témoigner en sa faveur.

Les minutes tombèrent, les unes après les autres. La tension monta. Le chef de la police arriva et lu à haute voix les peines des attachés: la mort pour tous.

 

Assouan ne compris pas. Pourquoi la mort? Il avait suivi les préceptes du Livre! Ces enfants n’avaient rien fait! Eux, comme lui, étaient absolument innocents devant les écritures! Pourquoi en arriver là?

La peur en lui se mêla à la colère de l’incompréhension. Il cria comme il put son innocence. Mais un homme le bâillonna. Terrifié à l’idée de voir des enfants mourir devant lui, il ferma les yeux.

Un coup de feu se fit entendre. Il ouvrit alors les yeux pour voir, il n’avait pu s’empêcher de voir la victime.

C’était la petite. La plus jeune, la plus malade. Elle avait été portée par l’aîné durant leur périple et sa vie ne tenait plus à grand chose. Mais ce n’était pas une raison pour ne rien faire! Assouan l’aurait emmenée à l’hôpital tôt le lendemain.

Maintenant c’était trop tard. Une tâche rouge souillait son corps frêle et fragile. Elle était incapable de savoir ce qui lui était arrivé. Sa jeune âme aurait une place de choix auprès du seigneur, trop jeune pour être impure, elle avait été la preuve vivante que le bien existait encore.

Trop tard. Assouan n’avait pas été là pour la protéger. L’aîné non plus. Lui aussi pleurait.

Mais Assouan ne pleurait pas. Il avalait cette méchanceté gratuite, il absorbait ces horreurs. Il lui fallait savoir pourquoi la foule semblait suivre ces horreurs! Il regarda l’homme qui l’avait bâillonné et le questionna du regard. «Pour le bonheur du pays!» dit-il avec un sourire.

C’était trop. Le pays ne pouvait pas être heureux avec ce sang sur les mains! Assouan n’y croyait plus. Sa rage monta encore. Il n’était pas très fort, mais juste assez pour se scarifier avec ses liens.

La deuxième victime, le plus jeune garçon, se pris une balle dans le cœur et mourut avec un long cri de désespoir et de souffrance. Les autres pleuraient de plus belle. Surtout le petit garçon qui était à coté de l’assassiné. Il savait qu’il était le prochain et son visage ne reflétait que l’épouvante de la mort qui allait le suivre.

 

Six heures neuf. Le quatrième enfant venant de mourir.

C’était une jeune fille. La grande sœur du bébé qui était morte en premier.

Toute une famille venait de s’éteindre.

Il ne restait plus que les deux plus grand. L’aîné du groupe, et la plus vieille fille. Elle devait avoir dix ans. Et elle avait un pistolet pointé sur sa tempe. Un pistolet qui avait fait quatre innocentes victimes.

Assouan refusait cela. Une chose? Pouvait-il faire au moins une chose pour elle?

Du temps. Il pouvait gagner du temps.

Il s’agita alors dans ses liens et l’attention générale se tourna vers lui. Les bourreaux se tournèrent vers lui. Le pistolet se pointa vers sa jambe et cracha une balle. Une balle. Sa jambe. La douleur fut intolérable. Ses nerfs refusaient de lui dire à quel point il avait mal. Mais ils lui faisaient bien sentir. Malgré le bâillon, il cria. Ses muscles faciaux se tordirent. Son corps se raidit. Son torse se brûla encore sur les cordes.

La foule regarda. Certains jubilaient, d’autres pleuraient. Pourtant, au milieu de cette violence, une personne apparu. Une femme. Couverte sous une cape à capuche, elle revenait de loin.

Malgré tout cela la peur se lisait sur son visage. Elle venait de voir son mari se faire blesser et le simple fait d’avoir cette idée la révulsait.

Assouan ne supportait pas de la voir comme ça. Mais il ne voulait pas qu’elle soit mêlée à cette horreur. Il fallait qu’elle se cache. Si jamais on apprenait qu’ils vivaient ensemble. La police religieuse trouverait une excuse de plus pour faire une nouvelle victime.

Malheureusement, les regards se tournèrent vers elle.

Mais pas le pistolet. La deuxième jambe d’Assouan explosa de douleur. Cette fois ses nerfs ne purent retenir la douleur. Cette impulsion nerveuse lui retourna les idées.

Il ne lui resta alors plus que des émotions. La rage. La colère. Le reste avait disparu.

Son corps entier refléta ses pensées. Le moindre muscle se crispa.

Toutes ses cellules refusaient l’existence même de ces atrocités.

Chacun de ses atomes, chacune de ses particules, tous ses composants, du plus petit à son corps entier, refusa de laisser perpétrer ces ignominies. C’était l’existence même d’Assouan qui se révoltait. Son corps, son esprit, son âme.

 

À six heures dix, sur la place du village, un cri déchira l’assemblée. Mirah ne put s’empêcher de hurler le nom de son mari quand celui ci se fit tirer une deuxième fois dessus.

Les secondes qui suivirent ont été négligées par le temps lui-même. C’est après cet arrêt que l’on donna l’ordre d’attraper la femme «fautive ».

Tout le monde été tourné sur elle, même les deux jeunes qu’il restait à tuer.

C’est alors qu’Assouan ne se reconnut plus. Son esprit avait disparut. Son âme avait été noircie par tant de colère qu’elle ne reflétait qu’une idée: la vengeance. Son corps se crispa en entier, ses muscles se bandèrent tellement que les cordes cédèrent. Les blessures n’étaient rien comparées à ce qu’il pouvait arriver si d’autres personnes mouraient sous l’excuse que s’était trouvée ce groupe d’assassins.

Assouan se leva. La colère mène à la haine. La haine à la mort. Et la mort restait la seule solution pour sauver ces vies. Des vies qui valent la peine d’être sauvées par la mort d’assassins.

Il se tourna vers l’homme le plus proche de lui, le «bâilloneur». Son visage s’était transformé en une expression de dégoût et de stupéfaction. Assouan mesurait quelques centimètres de plus que lui et ils suffisaient à le terroriser. Mais le plus horrible dans tout cela était l’expression que l’on pouvait lire sur le visage de ce premier: c’était un sourire de rage, un sourire qui dépassait l’expression même de la mort.

C’est cette rage qui le transcendait. Elle muait son être. C’est dans cet état qu’il attrapa l’homme au cou. Sa masse musculaire se trouvait transformée par la colère. Il souleva l’homme à bout de bras et l’étouffa en serrant le poing. Il serra tellement fort qu’il lui brisa le cou.

Il se tourna ensuite vers le chef du groupe, le cadavre du premier toujours dans la main. L’homme venait de se retourner. Il leva son pistolet et tira dans la tête d’assouan.

Mais la balle n’atteindra pas sa cible. Assouan avait contré le tire en lançant le cadavre qu’il avait dans la main sur la trajectoire de cette première. Puis il courut, il devait atteindre le tireur. Sa vengeance voulait sa mort. Rien au monde ne pouvait l’en empêcher.

En moins de temps qu’il faille au chef pour tirer, Assouan arriva sur lui. Alors son esprit s’affina. Il attrapa le bras du chef et le dirigea vers un autre assassin. Le coup parti tout seul et le chef tua un de ses propres hommes. Assouan retourna l’homme qu’il tenait et mit le face à lui.

Un cri de terreur s’échappa de la gorge du meneur. Et aussitôt un autre cri le surpassa. C’était celui d’Assouan, celui de son corps, de son esprit, de son âme, de sa colère. C’était un cri universel qui signifiait tout le dégoût d’un être face à ces atrocités. Ce fut un râle long et puissant, presque craintif. Tous les mouvements stoppèrent. Personne ne voulait briser ce silence. Ce silence de morts. Ce silence de souffrances. Ce silence qui ne pouvait signifier qu’une chose pour le meneur: sa fin est arrivée.

Assouan invoqua sa nouvelle force, celle de son esprit, celle qui muait son corps, celle qui avait triplé ses muscles. Il souleva alors l’être abject qu’il tenait dans sa main, et le rapprocha lentement de sa tête. L’homme émit alors une petite complainte plaintive, tout proprement lamentable. Il voyait qu’Assouan allait le tuer. Et c’est ce qu’il se passa. Tête contre tête. Esprit contre esprit, il se confrontèrent. Seul Assouan voulait vaincre, il vaincu donc. Et il écrasa la tête de celui qui fut un assassin contre la sienne avec un craquement sourd et mouillé par les liquides vitaux qui glissèrent le long de son bras.

Tout ce qui arriva ensuite se passa très vite. Un des assassins encore en vie appela du renfort. Assouan brisa les liens des deux derniers enfants. La foule se dispersa en criant. Mirah se jeta dans les bras de son mari et descendit les enfants au bas de l’estrade.

 

Sur le canal codé du pays, on entendit des appelles en renfort de toutes les unités du sud. Ce fut alors la ruée vers la petite ville où une exécution avait finit en massacres. Toutes ces unités se dirigeaient là où émanait le signal d’urgence. Ce déploiement de force était impressionnant. Des chars, de l’artillerie, des troupes armées et tout un soutien logistique: il fallait stopper ce violateur de loi, ce défenseur de fausses idées, cet homme qui remettait en cause tout un système politique.

Assouan n’avait qu’eut le temps de dire à Mirah de fuir. Et elle partit avec les enfants en même temps que la foule. Elle partait se cacher dans le seul endroit qu’ils avaient conservé secret. La cabane qui cachait leur trésor.

Puis arriva les troupes de la ville voisine. Trois camions remplis d’hommes. Dès qu’ils furent en ligne de vue, ils tirèrent. Les gens debout encore en ville s’effondrèrent. Non seulement Assouan était à éliminer mais aussi tous ceux qui avait assisté à cette rébellion. Aussi bien les assassins que les passants.

Ce fut une hécatombe. La majorité des gens présents moururent et une quantité monstrueuse de balle convergea vers Assouan qui s’effondra. Heureusement que Mirah était déjà partie.

Les militaires s’approchèrent alors des cadavres pour «finir» le travail. Et là, seconde après seconde, minute après minute, on entendit des gens mourir. Un cri s’élevait de façon répétitive. Toujours le même, toujours celui de la mort.

Assouan vivait ses derniers instants. Il parlait avec la mort et compris à quel point il s’était enfoncé dans la colère. Sa mort allait être lente et douloureuse. Il comprenait enfin pourquoi il était là. Au fur et à mesure que son âme s’élevait, son esprit intégra tous les souvenirs inconscients présents en lui. Il comprit comment il était, comment était fait le monde, comment il pouvait, grâce à sa volonté, le renverser.

En même temps il sentit que son corps réagissait de moins en moins. Il ne sentait presque plus les sons, les odeurs et le goût du sang qui lui glissait au fond de la bouche. Par contre il recevait encore des messages nerveux signifiant la pénétration des balles dans son corps. Ils le mutilaient. Les lames de couteau à travers sa poitrine coupèrent les connexions avec le bas de son corps. Puis vinrent les flammes qui explosèrent les signaux électriques et son cerveau bouillait à force de recevoir de l’électricité.

C’est alors que sa colère refit surface. Son âme refusa de se laisser faire par la mort. Son esprit lutta contre l’idée d’abandonner. Son corps, déchiré, détruit, luttait lui aussi pour que sa volonté s’accomplisse encore.

Tous les éléments luttaient pour l’existence, et la volonté unifia le tout. Vint alors le moment où Assouan se releva. En feu, il ressemblait à un démon. Un démon vengeur intemporel. Sa colère dépassait l’entendement. Ses blessures se résorbèrent et le corps, debout grâce à la volonté, put alors se tenir seul. Et les pauvres rafales de balles ne firent rien. Les muscles refusèrent de les laisser passer. Elle stoppèrent donc leur route sur ce corps. Chacune de leurs estafilades se refermait presque instantanément et le feu qui brûlait ne s’éteignait pas, la chair consommée se reformait et il n’était pas à court de carburant. Assouan, où plutôt, la fusion du corps, de l’esprit et de l’âme de cet être appelé Assouan, ne voulait plus que la destruction de ses agresseurs.

L’espace se ploya face à cette force de volonté. Et tous les hommes autour implosèrent sans n’avoir jamais comprit comment. Puis les camions s’envolèrent et retombèrent lourdement en s’aplatissant.

Les unités de la deuxième ville arrivaient. Elle n’eurent pas le temps de comprendre. Deux secondes plus tard, il y avait à leur place qu’une bouillie de sang, de tissus et de métal.

Il y eu un répit. De deux heures. Le temps que le commandement des armées soit en place. Assouan, lui, ne bougeait plus. Son corps n’ayant plus d’agressions, il s’était stoppé. Seul son cœur bougeait.

 

Des missiles vinrent briser cet arrêt. Ils n’atteignirent jamais leur cible, stoppé net par la barrière de l’implacable volonté. De plus ils avaient laissé une trace derrière eux. Assouan bougea alors et se dirigea alors vers l’origine des traînées. En deux minutes il atteignit le premier bataillon, qui ne survécu pas à la colère brute. Les blindés ne firent pas mieux. Tous ceux qui voulaient barrer la route d’Assouan étaient simplement balayés par la force brute. L’association parfaite du muscle avec l’esprit. Il n’y avait plus aucune limite. Le corps d’Assouan devenait Assouan. Ses pensés n’était plus relayées, elles faisaient parties intégrantes de ce tout.

Le corps était mué par l’envie que tout cela s’arrête. Il n’y avait qu’une seule solution: stopper le gouvernement, qui était à la tête de tout ça. Le roi. Il fallait mettre un terme à ce règne sans sens. Assouan parti donc en direction de la capitale.

Bien qu’il rencontra une résistance dans des endroits statiques, sa marche était implacable. Rien ne l’empêchait d’avancer.

 

Le soir venu, il se retrouva face à l’entrée de la ville. Et pour le stopper, toutes les forces armées du pays étaient là. L’art de la guerre avait atteint son apogée. Le seul objectif était l’annihilation de l’ennemi. Et chacun donnerait sa vie pour sa.

C’est ainsi que moururent des centaines de milliers de soldats. Ils furent tous brûlés lorsqu ’Assouan arriva au milieu d’eux. Ils avaient beau tirer, les balles s’arrêtaient à cinq mètres d’Assouan repoussées uniquement par une volonté infinie. Ils avaient eu l’ordre de faire obstacle avec leurs corps. Et quand Assouan n’aurait plus le moyen d’avancer, ils auraient gagné. Il y eu alors une masse de corps autour de lui. Il se retrouva enfermé dans sa bulle de rage sous cette montagne de morts. Mais il ne pouvait pas s’arrêter. Son âme, coruscante de volonté, avait tout brûler. Il ne restait plus rien de l’armée de terre. Il ne restait plus que les gardes d’élites du roi. Très peu, ils posèrent de pièges sur le chemin d’Assouan.

Mais ce dernier s’impatienta et, le corps décida de se modifier. La douleur de la mutation était éventrante. Des ailes poussèrent en une minute sur son dos. Tout son corps était tiraillé vers ce dos. Puis son attention se calma. Il s’envola alors.

Une fois au-dessus de la ville, son esprit entra en connexion avec celui du roi. Et la volonté, la colère et la haine se jetèrent vers l’endroit où la peur et l’orgueil s’étaient réfugiés.

Une minute plus tard, Assouan était face au roi. Dans sa cache blindée.

Une seconde plus tard, tout ce qui avait fait ce qu’Assouan était devenu se concentra. Les énergies en jeu devinrent si colossales que le corps ne put les retenir.

 

Cela faisait un jour que c’était arrivé. Mirah était la première sur place. Elle avait mis les enfants à l’abris et avait fait demi-tour pour revoir son mari. Il était simple à suivre. Il suffisait d’aller là où les cadavres se déposaient. Et le soir où elle fut à une journée de marche de la capitale, une lumière s’échappa du centre de la ville. Une sorte de faisceau était montée au ciel. Puis avait suivi une terrible explosion. Tout autour avait été soufflé, anéantit. Il ne restait de la capital qu’un gigantesque tas de ruine.

Mais Mirah avait le sentiment que tout ne s’était pas terminé. Et elle s’approchait lentement du centre-ville. Elle avait le temps. Il ne restait plus rien de l’autorité du pays et elle était sûrement la seule personne en vie à des kilomètres à la ronde.

Elle s’aperçut une heure plus tard qu’elle s’était trompée. Elle venait d’arriver au centre de l’explosion. Et il y avait là une masse de cendre informe qui bougeait.

Mirah se jeta dessus et commença à l’enlever poignée par poignée. Il lui fallut une heure de plus dégager le corps qui était à l’origine de ce mouvement.

Surprise par son indemnité, elle le caressa et cela réveilla l‘homme. Assouan ouvrit les paupières, vit sa femme et lui dit:«tout est fini, ce pays ne connaîtra plus jamais la haine et le mensonge».

Mirah sourit et passa le bras de son mari par dessus son épaule et ils décidèrent de rentrer chez eux pour s’occuper des enfants, devenus désormais leurs enfants.