posté le 02-06-2011 à 23:35:01
Une soirée
[Dans un genre totalement différent de mes deux autres nouvelles, j'ai écris cette nouvelle en deux fois, avec près d'un an d'écart avant d'avoir une idée de la fin. On change d'univers et même de point de vue. Bonne Lecture!]
Et voilà. Encore une soirée de fichue... Comment peut-on nous faire
sortir de cours à cette heure là.
Vingt-trois heures, dans ma rue, rien
de plus banal. Si ce n’est que demain ce sera levé six heure trente pour
le cours du matin. Et dire que je n’ai même pas pris ma douche… Les
gens sont vraiment débiles. On dirait qu’ils sont poussés par une force
supérieure rien que pour faire ce genre de conneries inutiles à la
société et qui gâchent les soirées des gens. La connerie est vraiment la
pire invention de l’homme.
Bon allez, plus que cinq cent mètres. Plus que cinq cent mètres pour se
retrouver seul encore un soir de plus. Depuis deux ans que je suis seul…
non, depuis toujours. Personne ne m’a jamais compris. Ma famille ne
croit pas en moi, mes amis sont là pour meubler. C’est bête, mais je
n’aurai aucuns regrets à tout lâcher et partir loin. J’en ai peur
tellement ce serai facile pour moi. Les gens pensent comme moi? Dans
cette société de l’individualité, je ne serai pas étonné qu’un jour ce
sera chacun contre tous.
Ma vie… même elle n’est pas vraiment importante. En fait, je m’en fiche
d’être ici ou là. Je me fous même de ce que je fais, de ce que je dis.
Je pense que dans l’humanité, jamais personne n’est allé aussi loin dans
la solitude. Et pourtant, mon cœur crie «au secours, je ne veux plus
être seul». Il crie tellement que mon corps en frémit.
«_ Et bien alors, poule mouillée! Tu trembles déjà?
_ …
_ Non, ne te retournes pas! J’ai un Beretta Sword Cutlass pointé sur ton
dos… Tiens, profites un peu de ce que ça fait d’avoir un flingue pointé
dans le dos.»
Je suis paralysé. Que faire? J’ai une tarée qui s’amuse à pointer un
flingue dans mon dos… Mouais, je suis sûr que c’est un faux.
«_ Enlève ton jouet de mon dos, miss, tu pourrais le regretter.»
On va y aller franco. Je sais me battre, bordel… Et pourtant je suis
incapable de me retourner… J’ai un très mauvais pressentiment.
Pan!
C’était quoi ça? La balle a fait un trou dans mon manteau! Mais elle est
complètement folle! J’aurai été plus gros je serai mort!
«_ Alors… Comme ça tu te rebelles… tu vois le joli trou que j’ai fait
dans ton manteau. Eh bien, je t’en fais un deuxième dans le cul si tu
penses encore pouvoir t’en sortir. Et ferme ta gueule… Tiens, j’ai une
idée! Baisse la tête si tu comprends ce que je dis.»
Pas le choix, faisons ce qu’elle dit.
«_ Maintenant, tu vois la porte à ta gauche? Tu y entres. Elle est
ouverte… Quoi? Tu crois que je vais te faire le coup du seau? … Si tu
n’entres pas maintenant, je tire une seconde fois, et je ferai pas
semblant de te rater… Bien…Les escaliers maintenant!»
C’est un immeuble misérable… Une porte qui donne directement sur un
escalier. Tout semble délavé. Je sais pas si c’est là qu’elle vit, mais
je me plaindrais plus jamais de mes papiers peints… Une dizaine de
marches… Merde. Je sais même plus où je suis dans la rue. Je rentrerai
jamais chez moi ce soir…
«_ Bien, la porte au fond… Tu t’assois devant et tu bouges plus.»
Bon, de toute façon, il n’y a qu’une porte dans ce couloir. Clac!
Clics-clac. Ah? Fermé à clé… Comment j’ai pu être aussi con de penser
qu’elle ne fermerait pas à clé. Bon, c’est une prise d’otage, ou un
kidnapping. Bof, je penche pour une prise d’otage, j’ai pas vraiment
d’argent. Pas de liens avec ma famille… Et si c’est prémédité, ben, je
vois vraiment pas ce qu’elle peut obtenir de moi… Raah! Mais si elle
n’est pas seule? Elle peut peut-être être une chasseuse de prime! Elle
travaille peut-être pour un gang, une mafia?... argh.… Faut que j’arrête
les films moi. Bon, elle monte…
«_ Hou! Le gentil chien! Il a même pas remué la queue!
_ C’est malin…
_ Je t’ai pas demandé de fermer ta gueule?
_ Si c’est pour m’insulter, tu peux faire ça avec un mur, ça le ferait
moins chier, il te répondra pas et il a tout son temps pour que tu lui
expliques qu’il est plus con que toi!
_ T’as mijoté ça combien de temps? Tu crois que tu me fais peur gros naze? Lèves-toi et rentre dans la pièce.
_ Et tu comptes faire quoi de moi?
_ Oh! Voilà, LA question qui tue!
_ Je n’ai pas peur de mourir, je suis attaché à personne, j’ai peu
d’argent, alors j’en ai rien à foutre de tout ça. Mais, franchement, je
ne supporte pas d’obéir à quelqu’un, surtout que je ne connais pas.
_ Entre! Blaireau…»
Wouaps! J’aurai mieux fait de fermer ma gueule. Ca à l’air d’être son
appart‘, mais dans quel état… Des fringues partout, ça a l’air propre
mais sans être rangé. On dirait une chambre d’étudiant déprimé… Putain,
j’espère que je suis pas entre les mains d’une crétine d’étudiante qui
vient de péter son câble… Se faire dérouiller par un collègue…
Lamentable…
Ah, il y a une caisse de balles… bien remplie apparemment… Il y a
d’autres armes sur le bureau. Pas de cours, juste des posters d’armes,
de mangas, de plans techniques… Elle a de drôles de passions. J’aimerais
pas être son petit ami…
«_ Fait un commentaire, et t’es mort…
_ Gentil.
_ Qu’est-ce que je viens de te dire…
_ Si au lieu de me menacer tu m’expliquais pourquoi je suis là.
_ Nan, j’en ai pas envie.
_ Ah…
_ D’ailleurs, tu vas poser ton cul sur le fauteuil et tu vas la fermer…»
Le fauteuil… Pas terrible, mais j’ai vu pire. Bon! Voyons à quoi
ressemble notre hôte… Merde… Je suis tombé sur quoi moi… Une telle fille
avec un flingue dans les mains. Le monde est vraiment étrange. Dans
l’ensemble, elle est plutôt jolie. Mais là, détail par détail, elle est
carrément canon. Elle s’est allongée sur le ventre sur son lit. Dommage,
son débardeur remontre trop pour que je puisse voir le balcon… Bah,
elle a de ses proportions, je vais pas faire une estimation, mais côté
corps, elle n’a rien à envier au plus beau des tops modèles. Enfin, moi
je dis ça j’aime pas les tops modèles… C’est juste une façon de parler.
Enfin, quoi qu’il en soit, si je devais avoir un goût pour les tops
modèles, elle serait mon premier choix!
Et la tête? Oh, non. Ses yeux sont si profonds… Noirs. Ils tuent. Raah,
mais pourquoi je détourne le regard? Son visage est si beau… Ses traits
sont fins, légèrement rosée. Pas de fioritures, pas de maquillage, rien
de superflu. C’est beau… Pour une fois qu’une femme s’assume à fond,
sans avoir peur d’elle-même… J’en connais qui diraient que c’est un
homme.
Bon, soyons courageux…
«_ Tiens? Tu crois que tu me fais peur en me regardant comme ça…
J’imagine que ça doit être dur pour une mauviette comme toi de regarder
une nana qu’a plus de couilles que lui!»
Chieuse… Je vais pas me laisser faire, merde…
«_Ah?
_ Qu’est-ce qu’y a?
_ Une nana qui me regarde et qui pense être plus intelligente que moi…
_ Petit malin, je suis une pro de la gâchette… Tu feras mieux pas de jouer au plus con avec moi.
_ Hey, t’as commencé…
_ Je suis le chef ici, t’as pas encore pigé?
_ Chef de quoi? D’un appart' en bordel? T’as pas beaucoup d’ambition…
_ Et toi? Tu fous rien non plus…
_ J’ai rien à foutre. Comment veux-tu que je fasse quelque chose alors, que dans tout les cas, personne n’y feras attention.
_ Genre, t’as bien des profs qui s’intéressent à tes petits progrès, je
suis sûre que ta mère te félicitais quand tu avais de bonnes notes.
_ Mes profs me félicitent que j’ai bien retenu LEURS enseignements. Ils
s’en foutent du reste… C’est pareil pour ma mère, elle est fière que sa
progéniture soit une réussite. Je n’ai aucun intérêt à faire attention à
ce qu’ils pensent de moi!
_ T’as vraiment un con… Ils pourront toujours t’aider, toi au moins t’as quelqu’un qui t’aime…
_ Fais chier… Tu crois vraiment que je serai là s’ils s’inquiétaient pour moi?
_...
_ Voilà, t’as compris… Je suis aussi seul que toi.
_ Qu’est-ce qui te fais dire ça?
_ Le bordel… C’est impossible de vivre avec quelqu’un dans un bordel pareil.
_ N’importe quoi… Si c’est pour dire des trucs aussi nazes, tu ferais mieux de la fermer.
_ Raconte moi ta vie!
_ Hein?
_ Tu veux que je fasse quoi ici? A part meubler le temps en commentaire
pourris, je n’ai rien d’autre à foutre en attendant que tu me relâches,
que tu me tues ou que tu fasses quelque chose de moi… Alors, autant
rendre ce temps utile, dis moi comment tu en es arrivée là!
_ … J’ai pas l’impression que j’ai le choix… Dit-elle en soupirant. Et dire que je suis sensé être le maître ici.
_ …
_ Si Dieu existait, il se serait suicidé il y a longtemps, tellement il a
fait de conneries. Son putain de monde pourri est en train de foutre le
camp. L’Europe est un des endroits le plus nul pour y naître orphelin.
Seul au début tu resteras seul jusqu’à la fin de ta vie… «Si tu ne sais
rien de toi, apprends à tout savoir sur les autres.» C’est que m’a dit
un gars qui devait quitter l’orphelinat le lendemain. Rester seule de
jours en jours transforme n’importe qui en zombie. C’est ce que je suis.
Une zombie. J’ai appris seule à utiliser des armes, parce que
l’orphelinat était aussi une cache de drogue. Le jour de mes 16 ans,
j’ai compris que tout les gens qui me souriaient, souriaient leur
réussite de blanchissement d’argent. J’ai suivit quelqu’un un soir… Je
suis descendue, j’ai trouvé une arme, et je les ai tous tué. J’ai jurée
que plus jamais je ne serai utilisée pour de l’argent…»
C’est clair, elle en a vraiment bavé.
«_... J’ai connu toutes les ombres de l’humanité. De la mafia à
l’assassinat, en passant par les trafics en tout genre… Je m’en suis
sortie uniquement parce que j’étais derrière mon flingue. Je n’ai fait
que ce que je savais faire: Tuer!
_ Euh… En gros tu es en train de me dire que je suis ta prochaine victime?»
Au revoir madame la chance! Et bien, se faire tuer par une nana aussi
jolie, ça vient pas tous les jours. Dommage qu’elle ne sache faire que
ça…
«_ Pauvre plouc. Tu crois que je sais faire que ça?
_ Tu viens de le dire…
_ Joue encore au con et je te jure que je vais finir par le faire…»
Ah! Ca veut dire qu’elle ne veut pas le faire… du moins au départ.
«_ J’ai quand même réussi à m’en sortir seule depuis toujours… C’est pas donné à tout le monde.
_ Mais oui… Tous les étudiants sont comme ça…
_ Genre vos parents vous aident pas! Genre t’as personne à qui parler, genre tu n’existes pas pour le gouvernement!
_ Hein? Tu n’existes pas pour le gouvernement?
_ Et ça aurait été comme ça pour tout les autres orphelins si je ne les avais pas tous tués…
_ Gloups! En fait, t’es une meurtrière en recherche d’une nouvelle proie…
_ Ça fait 4 ans que c’est fini! Pas question que je paie pour eux!»
Ouah! J’ai touché une corde sensible… Bon, pas question de se la mettre
à dos, elle a beau être super mignonne, en colère elle fait vraiment
trop peur.
«_ C’est bon! J’en parlerai plus! T’énerve pas…
_ Mouais… T’en sais trop sur moi…
_ Ah… Tu veux que je te raconte ma misérable vie pour compenser?
_ J’aime bien comment t’essais de te rendre plus triste que moi… Vas-y, on a du temps devant nous…
_ On va dire que t’as dit oui. Bon, tout commence à …
_ Ouais, laisse tomber l’embellissement, chui pas une gamine qui n’attend que ça non plus.
_ Bien… Bon, je suis né dans une famille du genre «plus banale tu
meurs». En gros, j’ai beau être l’aîné, avec plusieurs autres gosses qui
viennent, tu deviens une habitude. Voilà, j’ai grandi seul dans
l’ignorance de la société… Pas d’amis, personne qui pense à toi. Tu n’es
qu’un numéro dans la société… Ton nom ne veut rien dire… On t’oublie,
alors tu finis par oublier. J’ai toujours été à la limite, suffisamment
bon pour ne pas trop s’en prendre, et pas assez pour sortir du lot. Et
voilà, j’étudie, mais franchement, je fais ça plus par nécessité que
pour autres choses, et surtout pas parce que j’en ai envie…
_ Ah ouais… La société est vraiment merdique… même ceux qui sont sensés avoir de la chance n’en ont pas.
_ Je te le fais pas dire…»
Au moins on est d’accord sur ce point. C’est vrai que malgré tout, on
est toujours tout seul. A moins d’avoir un frère jumeau ou un amour
presque fusionnel, c’est difficile d’avoir quelqu’un avec qui se
confier. Même les parents finissent par nous laisser tomber. Les plus
forts s’en sortent, les faibles finissent par vivre au dépit des autres,
par eux ou grâce à eux. On finit par diviser le monde en trois: les
parasites, les parasités, et ceux qui s’en sortent tant bien que mal
sans pour autant en être heureux.
Tiens? Elle me regarde. Ses yeux sont profonds. On y sent toutes les
épreuves qu’elle a traversées. Mais ça n’est qu’une partie de son
regard. J’y vois une flamme aussi. Quelque chose qui brûle et qui lui a
permis de rester en vie.
«_ T’as déjà fait l’amour?»
Hein?? C’est quoi cette question? J’ouvre mon pull en faisant mine de pas trop être gêné.
«_ Euh… Tu veux vraiment qu’on parle de ça?
_ Réponds où je te troue la jambe. Dit-elle en caressant son pistolet.
_ Et en quoi te répondre te servirai?
_ Je vois…»
Elle prit son pistolet en main et visa ma jambe. Sa prise semblait sans
doute. Aucune hésitation, rien ne l’empêcherai de tirer. Sauf une
réponse peut-être…
«_ Oui. Dis-je en la regardant dans les yeux.
_ Idiot…»
Et elle tira. La balle effleura ma jambe. Je ressenti alors une vive
douleur et je sentis mon sang chaud couler le long de mon mollet.
«_ Ouah!! Bordel!! Ça fait un mal de chien ton truc! Dis-je en me tenant la jambe.
_ Ah ah ah ah ah ah ah! T’es trop marrant quand tu te tiens la jambe!» S’esclaffa-t-elle.
Je m’effondra sous la douleur. La chaise était drôlement haute. J’étais à
la limite de la perte de connaissance. La blessure n’était pas
profonde, mais la balle m’avait brûlé d’une façon très douloureuse.
«_ Petite chose… Tu n’as jamais aussi mal, hein? Allez, laisse-moi faire…»
Elle s’approcha de moi, déchira mon jeans au niveau de la blessure, se
pencha et commença à lécher l’entaille. La relative froideur de sa
langue me fit alors un bien fou. Et elle arrêta aussitôt. Quelques
secondes plus tard, elle recommença. Mais encore une fois, elle retira
sa langue rapidement.
Cette intermittence entre douleur et bien-être était atroce… Ça
m’énervait au plus haut point. J’attendais que ça se calme mais elle ne
voulait pas arrêter. Mais trop, c’était trop.
Je profita d’un de ses moments d’occupation pour lui mettre un coup de
jambe dans la tête. Elle se recula comme si elle s’attendait au coup. Je
me jeta quand même sur elle. Je lui pris les épaules et coinça son bras
armé avec le mien. Elle se retint pas pour m’envoyer un coup de poing
en plein plexus. J’en eu le souffle coupé sur le moment. Elle lâcha
alors son flingue pour libérer son bras et me frappa plusieurs fois au
torse. Je la maintiens malgré la douleur. Bigre, elle est plutôt
balaise… Elle s’agrippa alors à mon Tee-shirt et le déchira sans
problème. Puis dans un élan de force elle inversa les rôles en se
retrouvant sur moi.
Et soudain, ses coups s’arrêtèrent. Je n’avais plus la force de la
retenir depuis quelque secondes. Cet arrêt me soulagea. Je n’avais plus
trop mal à la jambe, mais j’avais la poitrine en feu, sans compter mon
cœur qui n’arrêtait pas de battre la chamade…
Et puis je me risqua à la regarder. Elle semblait totalement choquée par
ce qu’elle voyait. Je ne pensais pas que mes cicatrices pouvaient
l’émouvoir à ce point… Elle se tenait la tête et ses yeux étaient
hypnotisés par ces traces malgré ses doigts fins qui tentaient de lui
cacher cette vision.
«_ Bah… fais pas attention à ça… J’ai beaucoup souffert, mais c’est superficiel…»
Elle ne répondait pas. Paralysée comme elle était, c’était un peu normal
d’ailleurs. Bon, je vais utiliser la technique pourrie du gars qui
prend la nana dans ses bras. Et bien sûr je suis sûr de ce qui va se
passer. Je vais me relever, avec mon dos en compote, la serrer dans mes
bras, et je vais souffrir le martyr car elle aura encore plus peur de
mes cicatrices et je dirai alors adieu à mon torse…
«_ Allez… c’est bon, ce ne sont que des cicatrices. Dis-je en me relevant. J’écarte les bras et hop! Le tour est jou…
_ Pas touche! Connard!»
Putain de poing… Elle frappe comme un boxeur cette nana. Et merde…
Tiens? Je suis sur mon lit. Bizarre, il est un peu plus mou que
d’habitude… A moins que… Y’a moyen que ce soit pas le mien en fait. Ah?
Le son revient. Merde… j’entends rien quand même… Ah si! J’entends mon
artériole d’oreilles qui martèle mon tympan. Je suis pas avancé…
L’odeur maintenant. Bien, voyons voir… Renfermé, métal, huile ou
graisse, poussières… Ah, y’a ma propre odeur aussi. Zut, j’aurai dû
prendre une douche hier… Pourquoi je l’ai pas fait?
Ah oui, c’est bon. Je me souviens. Y’a une détraquée qui m’a tiré
dessus, et qui m’a coupé le souffle d’un bon marron que je m’en
souviendrai longtemps. Mais c’était un vrai canon! Attends… j’ai dormi
chez elle? Je la vois mal me transporter durant la nuit. Elle a dû
m’allonger suite à un élan de bonté. Elle m’aime bien finalement…
Et crotte! Une amoureuse transie… Comme si j’avais besoin de ça.
Ah, le reste des sens reviens. Alors… je sens tout mon corps. Je suis sur une couverture, et j’ai la jambe en feu…
Bon, on risque et on ouvre les yeux… Personne à droite… -encore heureux
que je sois sur le dos- Personne à gauche. Attends. Ah si. Elle est
allongée sur le ventre et lit un bouquin.
Bon, on ne bouge pas… le temps d’une vérification.
Bien. D’un elle est toujours aussi belle. De deux, vu comment elle est
installée, elle peut me maîtriser en quelques coups. J’en ai assez subi
pour le moment. Enfin… le moment, le moment… Je sais même pas combien de
temps j’ai dormi.
Bon, vive l’instinct!
Je me retourne d’un coup et me retrouve sur elle. Je bloque ses bras
avec les miens et ses jambes avec les miennes. Uniquement grâce à mon
poids je suis gagnant. Enfin… C’est ça ou je me prends un coup de
lattes.
«_ Connard! Dégage ou je te fais la peau!
_ Tsss, ce serait pas «et je te fais la peau»?
_ Blaireau!
_ Arrête avec ça. C’est pas en m’insultant qu’on s’en sortira.
_ Qu’on?
_ Oui… Grâce à ma magnifique maîtrise des arts martiaux je suis autant
dans la merde que toi. Si je bouge tu reprends le dessus. Mais du moment
que je reste sur toi, je ne crains rien… à part des crampes.
_ Tu comptes rester là longtemps à me reluquer?
_ Je pourrais. Faut avouer que t’es pas ce qu’il y a de plus moche sur cette petite planète.
_ C’est quoi cette drague pourrie…
_ Un compliment. Mais tu le prends comme tu veux. Je peux faire plus direct si tu veux…
_ Mais c’est quoi cette merde! Dégage de sur moi et je te ferai rien!
_ Non.
_ QUOI!?!
_ Tiens, d’ailleurs, je vais me venger pour le trou dans ma jambe et la frousse que tu m’as faite avec.»
Et j’approche ma tête de son cou.
«_ Je t’interdis de me toucher !
_ C’est ça… Et moi je t’interdis de me tirer dessus… Ah mince! C’est trop tard !»
Je suis un connard en fait. Bon, descendons… J’hume son cou. Une légère
odeur de sueur salée, une fine ligne de parfum, mais rien de bien
puissant par rapport à sa propre odeur. En effet, elle non plus ne s’est
pas douchée et sa se sent. Mais justement… elle sent les fruits frais.
Une douce couche d’eau fraîche sur de la pulpe de litchis. C’est bête,
mais c’est ce que ça m’évoque.
Tiens ? Je me rapproche d’elle sans le vouloir… Bizarre, j’ai pas baissé la tête pourtant!
«_ Aïe !
_ Maintenant tu dégages ! Vicelard !
_ Un coup dans l’œil ! Ça fait mal…»
Oups! J’ai enlevé mon bras pour me tenir la tête…
Elle bougea alors et en quelques secondes la situation redevins comme avant mon coma forcé.
«_ Aha ! Prends garde à mes cicatrices !»
Et paf ! Un joli pain dans ma tronche, un !
Je suis étourdi par un tel coup. Le temps de reprendre mes esprits je
constate qu’elle m’a remis mon Tee-shirt. Raah, mais forcément ! Quel
abruti je fais ! Mais attends… Elle me l’avait déchiré, non ?
«_ Tu m’as mis un de tes Tee-short ?
_ Ouais… Mais tu puais la sueur, c’était pas facile de te le mettre…
_ Merci du compliment…
_ Tu parles, si t’arrêtais de faire le con je pourrais te prêter ma
douche, mais là, t’as pas l’air de vouloir coopérer. Et je peux pas te
tuer, ça pue encore plus un mort.
_ Pour une fois que ma vie est importante…
_ Et voilà… si tu veux crever fais ça ailleurs que chez moi.
_ C’est vrai ? Je peux m’en aller ?
_ Non !
_ Ah ? Pourquoi ?
_ Euh…»
Et c’est à ce moment que je constata pour la première fois qu’elle
rougissait…Et ça fait tout bizarre… Parce que croire qu’une fille qui
porte un flingue -aussi canon qu’elle soit- qui vous tire dans la jambe,
et vous torture comme une sadique - en plus de vous mettre à terre avec
un simple pain - se met à rougir, c’est très très très difficile. Surtout dans ma
position…
Bon, entrons dans le jeu, après tout ce n’est qu’une fille. Et puis
bon, y’a bien une raison qui la pousse à vouloir que je reste avec elle.
J’ai vraiment l’impression qu’elle est bien seule depuis un bout de
temps, et en connaissance de cause, j’admets que c’est pas simple.
«_ Tu sens bon.
_ Hein ? Fit-elle en rougissant de plus belle. Mais qu’est-ce que tu racontes ?
_ Bein oui, quoi… Tout a l’heure avant de recevoir ton coup de tête,
j’ai senti ton cou. C’était doux et frais. Je devais te le dire.
_ Ah… Merci…
_ Dis moi, y’a une raison spéciale qui te pousse à me garder chez toi hormis le fait que tu es seule depuis trop longtemps ?
_ Peut-être…
_ Bon. Je sais pas quelle heure il est, mais de toute façon j’ai rien à
faire chez moi, de toute façon, y’a personne qui m’attends, et toi t’as
l’air d’avoir besoin de moi. Y’a moyen qu’on se mette plus à l’aise ?
_ Euh… oui…»
Bon, j’ai les choses en main maintenant. J’ai vraiment l’impression
qu’elle a besoin de parler. Je vais la mettre à l’aise, c’est pas gagné
avec une fille pareil, mais pour une fois que j’ai un défi dans la vie.
«_ Je peux utiliser ta douche ?
_ Euh, oui… C’est la porte à droite. En me montrant une porte en bois écaillée par l’humidité.
_ Cool ! J’espère qu’on t’a pas coupé l’eau chaude.
_Aucun risque, je me sers chez le voisin…»
Ah ouais… Bonjour le parasite… M’enfin je dis ça, je fais pareil avec
la wifi et l’électricité moi. Ce serait marrant de comparer nos factures
de location !
«_ Touche pas au flacon blanc, ça te décolorerait les cheveux. Me dit-elle à travers la porte.
_ Et si j’ai envie de cheveux blancs ?
_ Tu attendras, ça coûte la peau du cul ça…»
Bonjour l’air blasé… Plus asociale qu’elle tu meurs !
«_ Tu veux pas me rejoindre, j’ai peur tout seul sous la douche…»
Ca vaut le coup de tenter. Alors, alors ?
«_ Blaireau, t’es naze en drague !»
Mmhh, je comprendrais jamais cette fille. Elle veut quoi ? Elle veut
que je reste, mais c’est pas pour parler, ni pour se caresser, voire
peut-être pas pour se battre, j’imagine encore moins pour faire des
trucs à deux sous la douche… Pour faire la cuisine ? Ça m’étonnerai, et
en plus je suis pas un cordon bleu. Bon, je suis pas nul non plus, mais
je lui ferai pas un gâteau de sitôt… Un gâteau… C’est quand son
anniversaire ? Elle a quel âge d’ailleurs ? Si je me souviens bien, elle
a quitté son orphelinat y’a quatre ans, et elle en avait seize. Vingt
ans. Argh, je me suis fais défoncé par une nana d’un an plus jeune que
moi. C’est décidé, si je m’en sors je prend des cours d’art-martiaux !
Bon, douche normal, cinq minutes, un record. Bref, faut que j’essai de la faire parler, sinon cette soirée n’en finira pas.
«_ Te branle pas sous ma douche !
_ J’ai besoin d’aide pour ça.
_ Pauvre gars…
_ Ça te dit de me montrer comment tu fais ?
_ Blaireau, sors vite de là. Faut que je prenne la mienne aussi…
_ Oui ma chérie !»
Allons-y au culot et à l’honnêteté, ça paiera peut-être…
«_ C’est ça… Tu t’excites souvent comme ça ? Ou c’est la première fois que tu vois une nana…»
Une nana… bonjour le langage.
«_ En effet, c’est la première fois que je rencontre d’une façon aussi
soudaine et aussi proche. Mais ça ne t’empêche pas d’être gentille avec
moi.
_ Et pourquoi je le serai ?
_ Parce qu’apparemment tu veux que je reste un moment chez toi. De
plus, tu vas prendre ta douche après moi. Je veux bien voir comment tu
vas m’empêcher de défoncer ta porte et de partir.»
C’est bon, j’ai le filon. Bon sortons… Vu le regarde qu’elle me jette, je lui en ai bouché un coin.
«_ Je ne sais pas ce que tu as vécu en détail dans ta vie, mais si tu
continues à m’insulter et à me faire des commentaires débiles, je ne
sais pas combien de temps ça va prendre avant que la situation avance
enfin. Alors je fais le premier pas, je te donne ma parole que je ne
franchirai pas ta porte pendant ta douche, que je n’essaierais pas de te
regarder -même si ça va être dur…- et que je ne te ferai plus chier.
Mais j’attends que t’arrêtes de mal prendre tout mes dires.»
Oh… Elle est décidément superbe quand elle rougit.
«_ D’accord…»
Elle me poussa pour passer dans la salle de bain et ferma la porte
derrière elle. Peut être un peu sèchement, mais je n’en tiendrai pas
compte, c’est idiot.
Bon voyons de plus près où elle habite. Une cuisine style étudiant,
mais en un peu plus gros. Installations classes, mais sans vraiment de
superflu. On voit vraiment que c’est chez elle. Sa chambre-salon
maintenant… Mmhh, je n’avais pas regardé précisément, mais c’est très
«cocon protecteur». En même temps la mienne est pareil. Et ces papiers ?
J’aimerais avoir sa date de naissance. Un unique bureau converti en
atelier de nettoyage d’armes. Y’en a partout. Autant de pièce d’arme que
de graisse et de balles. Un tiroir. Lentement… Oh ! Un certificat de
naissance. «Née en France le 8 juin…». Pas besoin d’en savoir plus.
Attends. Le 8 juin, c’était pas hier ? Hein ? Mais il est pas minuit passé !
Je comprend tout maintenant. Qui voudrait être seul pour son
anniversaire. Bon, je vais m’occuper de ça. Tant pis pour ma parole mais
c’est pour toi que je le fait.
Et en cinq minutes, je suis dans ma rue à courir en T-shirt pour aller
chez moi. Je monte les escaliers - Putain d’ascenseur en panne ! -
j’ouvre ma porte et déboule dans ma petite cuisine.
Super ! Il m’en reste un ! Encore heureux que j’ai pas eu le temps
d’ouvrir mon dernier gâteau. Un gros cannelé sucré, y’a moyen qu’elle
aime ça, non ?
Elle va me tuer en sortant de sa douche…
Je prend un pull et je file en bas de chez moi. Je remonte la petite
rue et … meeerde… Elle me vise avec son flingue… Elle a dû sortir en
trombe de chez elle et me chercher partout.
«_ CONNARD ! Tu m’avais promis !
_Justement, tu viens de briser l’accord toi aussi !
_ Je vais te buter !»
Wouah… ça se complique… Elle est en larme en plus. La gaffe !
«_ Attend, je peux te dire une dernière chose avant ?
_ Ce sera ta dernière phrase…»
Bigre, le ton… Elle est vraiment résigné. Quand je pense que la
première personne avec qui elle a essayé d’avoir un contact viens de la
trahir, je suis mal. Mais j’en ai rien à faire, en fait, c‘est pour elle
que je fais ça, pas pour moi.
«BON ANNIVERSAIRE !!»
Commentaires
Salut Trac, merci pour tes conseils! En effet, certains de mes textes ont encore pas mal de fautes, mais j'essaie de corriger petit à petit! ^^
Mais pour l'instant aucune de mes nouvelles n'est autobiographique. Certains personnages sont en partie inspiré de moi-même, mais ça ne va pas plus loin pour le moment...
Salut run! Je suis très heureux que tu considères mes textes comme étant géniaux! ^^ Mais personnellement, je préfère rester modeste. Trac ne m'a pas critiqué ou en tout cas je ne l'ai pas pris sous cet angle là, restons poli, hein!
J'espère continuer à te faire plaisir dans mes écritures! Merci encore!
mais ques qu'il a ce mec a critiquer les fautes? ces texte sont géniaux c'est tout, tu parles d'un commentaire de naz!!!! allé a la proch
pas mal du tout. tu devrais te relire, corriger les fautes de français, de grammaire, et moins insister sur les mêmes types de verbiages. mais l'idée, le scénario sont très bons, et ceal plonge le lecteur dans un univers original. Est-ce que l'histoire n'est pas un peu autobigraphique? l'auteur ne se trahit t'il pas de temps en temps?
Je suis ravi que ça t'ai plus! Merci beaucoup! ^^
J'aime bien!
petite histoire vivante, agréable à lire, marrante, attachante et révélatrice!
je ne me lasse pas de lire tes textes, merci pour ce partage