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Titre du blog : L'onirothèque
Auteur : Kun
Date de création : 02-06-2011
 
posté le 01-06-2012 à 00:43:32

Folies 2

[Voici la suite du récit "Folies" qui vient faire suite à l'histoire. Je ne promets rien pour la suite, je me laisserai porter par mon imagination...

Bonne Lecture ! ;) ]

 

 

Il était couché devant lui, son corps se secouait en vagues de spasmes extrêmement violents. Cet homme souffrait le martyre et hurlait autant de douleur que de la folie qui en découlait. Lui restait debout, choqué par cette vision d'horreur. Mécaniquement il répétait que ce n'était pas lui, qu'il n'y était pour rien, qu'il ne lui voulait pas de mal. Mais l'homme ne s'arrêtait pas de convulser malgré la présence des infirmiers qui s'affairaient autour de lui pour l'aider.


Alors on essaya de le déplacer de cette vue de souffrance. Mais au dernier moment où il allait se laisser conduire, le convulsionné lui lança un regard profond où derrière la démence qui secouait son corps se trouvait la supplique ultime du désespoir. Y voyant l'occasion de soulager son esprit d'un remord bien plus profond, il repoussa l'infirmier et leva bras en direction du malade.


Instantanément, l'homme se tétanisa. Son corps douloureux ne bougeait plus. Paralysé par une force invisible, les infirmiers le lâchèrent avant de se rendre compte qu'il ne respirait plus non plus. Cette alerte fit réagir celui qui voulait le détacher de la scène, ce dernier lui prit le bras et le descendit vivement dans un geste signifiant clairement leur volonté que stoppe cet intervention.


De surprise il relâcha son étreinte sur le malade qui s'effondra sans reprendre ses secousses. D'abord soulagé par l'immobilisme de son corps, le corps médicale constata rapidement la non-reprise de la respiration et donc l'aggravation du cas. L'appel à un brancard fut un déclaration à l'échec de son intervention et donc de sa possibilité à changer les choses. Pire encore, il avait peut-être tué cet homme alors qu'il ne faisait que souffrir précédemment.


Son esprit déjà en morceau, constamment malmené par son environnement, reçu de plein fouet la dure réalité de cet échec. Il ne pouvait rien faire, ce n'était pas sa faute, il ne voulait qu'aider, il voulait pas tuer. Les images défilèrent comme au dernier jour de sa vie d'antan, lorsque qu'il avait invoqué par peur de la réalité du mensonge l'immensité et l'instantanéité de ses fantastiques pouvoirs pour annihiler un homme. Un seul homme, faible, sans autre défense qu'un ego infini construit pour se protéger de la dureté de la vie.


Lui, qui avait le potentiel d'un omnipotent, avait tellement eu peur de l'existence de cette solitude ultime générée par la crainte de l'autre qu'autant inconsciemment que sciemment il s'était jeté tel un léviathan sur cet homme. L'omnipotence de ses pouvoirs l'avait fait constater l'immuable spirale d'autodestruction par l'individualisme dans laquelle s'était engager l'humanité. Le pauvre hère n'avait que subit une colère folle, ersatz d'une épouvante d'une solitude déjà trop présente dans sa vie trop singulière.


Face à ce constat, il ne pouvait que crier de douleur. Il n'avait pu contrôler cette peur, cette peur qu'il avait toujours fui. Mais il était bien conscient de cet acte, il n'avait juste pas eu le courage d'y mettre fin. Lui qui pouvait tout, n'avait rien fait. Pie, il avait laissé faire son instinct bestiale d'annihilation à l'instar de qu'il venant actuellement de faire au malade en pensant arrêter ses souffrances en le paralysant par la force.


Devant tant de vérités, ses jambes lâchèrent et il s'écroula à genoux en se tenant la tête, répétant toujours la même phrase défensive qu'il était innocent, qu'il n'avait pu agir, que même lui n'était pas invincible. Sa lutte spirituel entre la lourde vérité de l'inaction et la défense de la négation brouillèrent ses pensées. De douleur, il frappa le sol de ses poings, de toute sa force physique.


Incapable de mettre fin à ses peines morales, il se brisa les mains sur le carrelage de l'asile. La douleur physique s'ajoutant, il invoqua inconsciemment ses pouvoirs et maintint ses os artificiellement dans leur place d'origine avant de frapper une dernière fois le sol. Sa perdition mentale se matérialisa dans ce dernier coup qui cratérisa la dalle de béton sous lui et fit trembler le bâtiment. Toutes les personnes présentes autour de lui dans le hall se réfugièrent à l’extérieur, le laissant seul pour éclater sa colère sur son environnement.


Face à la négation la vérité se matérialisa et l'éleva au dessus du sol. En position fœtal, serrant ses mains brisés contre lui, il lévita en pleurant. Puis, sa défense mental reprit le dessus et son corps se tendit avant de s'arc-bouter pour laisser sortir la volonté de fuite. Alors, bras tendus ouverts, mains tordues saignantes, il sentit son dos foudroyer deux ailes de lumière.


Son corps disloqué se mouvait à la force de son esprit, l'implacable vérité l'élevait lentement au dessus du sol alors que ses pulsions de fuites luttaient pour donner vie à des ailes lumineuses qui, tel des éclairs de colères, frappaient les murs et le sol à chaque apparition. Les impacts de foudre claquaient dans un bruit assourdissant. L'environnement proche pris dans cette tempête psychologique commença à s'affranchir des règles élémentaires de la physique et les débris flottaient ci et là, se détachant du sol entraînés par l'inflexible force qui le soulevait lui aussi.


Dans ce tumulte dantesque, une voix se fit entendre parmi le grondement et les cris de douleur. Une femme en tenue d'alité se déplaçait tremblante vers lui. Elle lui parlait, le rassurait. Il n'était plus seul. Il devait arrêter de s'en vouloir. Sa supplique ne l'atteignit que lorsqu'elle se trouva qu'à un mètre de lui. Elle tendait les bras vers lui pour le toucher. Il remarqua les bras avant de l'entendre. Son conscient appelé figea la bataille cérébrale pour entendre les douces paroles de l'amérindienne qu'il avait rencontré il y a quelques semaines.


Étant la seule chaleur qu'il connaissait depuis, son esprit abandonna la bataille et sombra dans la confiance. Tout ce qui lévitait s'écroula alors. Son corps fit une chute de plusieurs mètres que la jeune fille parvint avec difficulté à amortir. Elle lui serrait la tête et les épaules qu'elle avait pu attraper et l'embrassa sur le front. De tout l'amour qui l'avait poussé à s'occuper d'enfants elle lui transmettait sans limite son attachement et sa protection.


Lui, le monstre omnipotent, souffrait d'une immense solitude due à sa condition qu'elle essayait d'endiguer avec sa miséricorde en lambeaux, miséricorde qu'elle avait elle-même déchirée et malmenée jadis face à la cruauté humaine en tuant de sang-froid par une réaction de rejet de la dureté de la réalité.


Consolant le corps abandonné de celui qui l'avait stabilisée, elle laissa faire les brancardiers qui les emmenèrent tous les deux dans leur chambre de l'établissement où elle s'allongea contre lui. Elle devait être là lorsqu'il se réveillerai.