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Titre du blog : L'onirothèque
Auteur : Kun
Date de création : 02-06-2011
 
posté le 19-04-2020 à 14:18:36

Moi, ce soir

[Petite réflexion poétique d’après minuit. Écrite rapidement, publiée deux jours après. J’espère qu’elle vous plaira.]

Triste situation que celle où l’on ne devrait pas se plaindre car d’autres vivent moins bien leurs vies mais que l’on n’est toujours pas satisfait de la sienne. Satisfaction qui n’est en grande partie pas due à ce que l’on a pu faire, mais à d‘autres qui vous imposent un plafond de verre où le seul moyen de vous en sortir est forcément de marcher sur les moins bien lotis et celles et ceux qui peinent.


Est-ce la dépression ou bien l’appréhension ? Je ne saurai dire. La situation m’échappe, tristement. Les soutiens auxquels j’aspire ne sont pas là. Évidemment, ils ne dépendent pas totalement de moi, enfin, assez peu même. Ils sont issu des rencontres que nous faisons. Et c’est cela, l’implacable situation qui me ronge ce soir.


Le confinement, si nécessaire à la survie de mes semblables, semblables que je chérie tant, qui me donnent une raison d’espérer malgré toutes les déceptions, me coupe d’eux. D’elles et d’elle. Sans croire, j’espère. Une espérance cachée, grise, tiraillée entre l’envie de donner et le besoin de recevoir. Une chaleur bienvenue, volontairement donnée.


Peut-être la mélancolie. Une douce nostalgie teintée de regrets, saupoudrée d’un bonheur que l’on sait parti à jamais, relevée d’un espoir d’en trouver un nouveau différent, complexe, défiant. État second d’un constat que la vie apporte beaucoup plus de désillusions que de joies. Et pourtant, la flamme brûle. Je ne sais où. Il reste à s’en chauffer.


Dodelinement des mains, dodelinement du cœur. Comment toucher celle qu’on a perdu sans la blesser à nouveau, peut-on attendre qu’elle soit prête à nouveau sans aucune certitude que ce moment viendra ? Doit-on au contraire, laisser ces choix que l’on juge hâtifs être vécu ? Parce que malgré tout, ce sont des choix, et qu’au-delà de tout, ceux-là doivent être respectés.


Et pourtant, on souffre… comme une corde de basse qui vibre seule, sur une simple gamme, sans tension, avec un douceâtre accompagnement. Elle accompagne aussi, mais elle ne sait trop quoi, au final. Et puis, pourquoi vibre-t-elle si elle ne peux faire trembler les danseurs de sa douce chaleur ? Peut-être pour exister, finalement, car elle le peut encore…


Ai-je le droit de me plaindre ? Si oui, jusqu’où ? Jusqu’où le puis-je sans blesser d’autres qui ont bien plus à plaindre ? Jusqu’où puis-je sans passer devant l’essentiel ? La raison sait. Mais elle sait aussi que sans ces ressentis, sans ces sentiments, elle ne peut mouvoir facilement. Alors, elle même ne peut constater que la tristesse de la solitude, laissant l’espoir s’exprimer.


Bien mal de moi, ce soir où je suis tristement mu, par un espoir ciselé d’éthique, où ma corde vibre dans une vitrine, sans cesse regardée mais jamais touchée. Chaleur perdue en vain, dans l’attente d’un meilleur matin. Et pourtant, il ne faut pas se laisser silencié car atone, on n’a plus aucune chance d’être entendu. Alors on se débat, seul, en attendant.


Ce texte n’a pas pour vocation d’être lu, lui non plus. Il est peut-être déjà trop. Trop égoïste alors que d’autres ont besoin de chaleur. Mais il est porteur, malgré lui, de l’espoir que peut-être il touchera une personne un jour. Une corde qui vibre en attendant, avec tristesse, que sa chaleur serve à une âme qui en voudra bien. Merci.

 

Commentaires

gerardgiraud le 30-04-2020 à 12:25:49
Bonjour,

Nous nous sommes "croisés" en 2017 sur le Wiktionnaire.

J'avais promis de te lire et, "pris dans la tourmente", je ne l'ai pas fait et te retrouve aujourd'hui au hasard d'une consultation du wiki.


Ta mélancolie douloureuse pour toi, mais est ma foi très poétique. Victor-Hugo lui-même n'a jamais mieux écrit que quand il perdit sa fille Léopoldine. Te voilà donc mûr, je pense, pour la poésie classique ou contemporaine, à toi de choisir.

L'écriture est un bon moyen de s'évader fut-ce dans la tristesse. Continue ! smiley_id117184

Amicalement

Gérard Giraud
kelhya le 19-04-2020 à 15:55:15
Hello !

Comment se fait-il que je ne t'ai jamais lue ?


Ce texte n'a pas pour vocation d'être lu !

Ce serait dommage, je me suis pris le temps de le lire .. tu as subi une séparation qui te sape ton moral !

Tu es dans l'attente d'une espérance cachée, grise, tiraillée entre l’envie de donner et le besoin de recevoir...

Une chaleur bienvenue, volontairement donnée...

La vie est faite de Joies et de Déceptions, souvent on est responsable de ce qui nous arrive,

à d'autres moments nous n'y sommes pour rien .. c'est le Destin ...!


Finalement, tu as osé exposer tes soucis, mais sache que tu n'es pas le seul à souffrir,

les chaghrins d'amour cicatrisent facilement, il suffit de regarder autour de soi et l'on trouve

peut-être quelqu'un dans la même situation.


Je ne sais quel âge tu as, moi aussi je suis seule, plus trop jeune et de vivre solo me convient,

il faut juste changer sa façon de voir les choses..

Tout est affaire de point de vue, et le malheur n’est souvent que le signe d’une fausse interprétation de la vie..

La tristesse s’empare de chacun de nous parce que nous nous prenons pour le centre du monde,

car nous avons la misérable conviction d’être seuls à souffrir l’insoutenable...


L’amitié ne rend pas le malheur plus léger, mais en se faisant présence et dévouement,

elle permet d’en partager le poids, et ouvre les portes de l’apaisement...


Je suis la personne en ce jour que ton texte a touché .. mais ne suis nullement intéressée pour remplacer

celle que tu as perdue !

Salut Kun ...