[C'est un texte que j'avais en projet depuis la mort de Kim Jong-Il et que j'ai pris le temps d'écrire ce soir. J'espère qu'il vous plaira! ^^]
Siwan faisait partie de l'élite de Son Pays. Et Son Pays était le seul qui valait le coup d'y vivre. Tous les autres n'étaient que des monstruosités, des concurrents sans cervelles, des irrespectueux qui ignoraient leurs propres tords...
Mais elle n'avait pas de pitié pour eux. Ils étaient plus nombreux mais n'avaient pas de but dans la vie. Elle savait que Le Leader avait vu juste. Qu'Il avait trouvé La Voie pour son Peuple, et qu'Elle faisait peur à tous les autres.
Son Pays pouvait être fier de Lui. À Sa mort, Siwan avait beaucoup pleuré. Et elle était sincère, Le Leader avait illuminé sa vie et elle Lui devait tout. Sans Lui, elle n'aurait jamais pu découvrir les échecs, sans Lui, elle ne serait jamais parvenue à la tête de sa fédération.
Siwan était fière de participer au championnat international. Elle avait un niveau tel qu'aucun de ses maîtres ne pouvait la vaincre, et elle était sûre qu'elle était bien supérieure à tous les autres joueurs, hormis peut-être les quelques joueurs russes avec qui elle savait qu'elle devrait mettre le paquet.
Les qualifications s'étaient bien déroulées, Siwan les avait tous écrasés et elle émit une larme de bonheur en entendant son hymne lors de la présentation des huitièmes de finale. Mais quand elle entendit le nom de son prochain adversaire elle sourit avec un air carnassier.
Elle était tombée contre un américain et de surcroît, le plus faible. Enfin, selon son point de vue. Ce type ne dégageait aucune aura, aucune atmosphère il était inconnu au championnat. Il était vêtu avec un jeans et portait un T-shirt et un pull à capuche. C'était proprement un déchet de sa civilisation.
Siwan avait appris l'anglais car sa mission à l'extérieur était d'en savoir le plus, d'espionner le plus possible de ce monde outrageux pour le dire à Sa Patrie, pour se prémunir de ces atrocités. Et lui en faisait partie. Sa démarche lente et son regard désabusé la maintenait confiante dans sa victoire absolue. Si un tel rebut était arrivé à ce niveau, alors elle n'avait rien à craindre des autres joueurs, à part peut-être des deux russes de la table d'à côté.
À la demande des juges, tout le monde s'assit en face de son adversaire et se présenta. Elle déclina son prénom mais donna un faux nom car il ne méritait pas qu'il connaisse le vrai. Lui s'appelait Jesse Mark Fisher, il faisait dans les un mètre quatre-vingt et avait toujours les mains dans la poche ventrale de son pull. Il la regardait d'air vide mais semblait avoir compris qu'elle ne lui tendrait pas la main et personne ne le leur fit de remarque quand tous les autres joueurs saluèrent leur adversaire.
Quand le juge de table apporta l'horloge, tous les deux se mirent en position. Elle sortit son calepin de jeu et lui, son stylo qu'il fit tourner dans sa main. Elle l'ignora royalement et joua la première. Elle comptait l'endormir avec une sortie classique et l'attaquerai dès qu'elle aura suffisamment d'avance sur le terrain. Elle n'hésiterait pas alors à sacrifier le plus de pièce pour placer sa dame et lui mettre mat le plus tôt possible.
Mais quand vint le dixième coup, elle eut un doute. Il semblait avoir un certain nombre de coup d'avance sur elle, et pourtant elle savait très bien qu'elle prévoyait au minimum 8 coups par pièce, au minimum. Au fur et à mesure du jeu, Siwan se posa de plus en plus de questions. S'était-elle trompé de sortie ? Comment pouvait-il rester totalement neutre à ses avances ?
Son adversaire gardait durant la partie un air fatigué et blasé qui la mettait hors d'elle. Las de ne pouvoir jouer au bluff elle décida de le mener au culot en lui parlant : « Pourquoi ne déclares-tu pas forfait, tu vois bien que je suis supérieure !
_Oui, je vois ça... » lui répondit-il sur un ton neutre et sans émotions.
Il n'avait presque pas réagit. Il transpirait l'inaction et ses yeux semblaient moins réactifs que ceux d'un vieux chien. Et pourtant, il n'était vraisemblablement pas plus âgé qu'elle.
« _Pourquoi tu joues alors ? Tu crois vraiment pouvoir me vaincre ?
_...
_Je te fais peur c'est ça ? »
Elle avait prit un ton mièvre et horripilant pour l'agacer, mais il était insensible, ou bien idiot... Mais il fallait qu'elle le déstabilise, le jeu ne tournait pas aussi bien qu'elle le voulait. Ses coups avaient de l'impact mais il semblait passer outre et continuait à modifier sa défense.
« _Ton pays ne mérite pas de gagner, ni même de jouer.
_Bof, ce sont pas les pays qui jouent... »
C'était sa phrase la plus longue depuis le début de la conversation et elle n'en revenait pas. Ce type n'avait absolument aucun patriotisme. Comment une nation pouvait-elle permettre un tel affront ? À moins qu'il ne soit pourrit par l'argent. Pauvres occidentaux, une telle bassesse d'esprit la faisait vomir moralement. Ils n'étaient tous que des capitalistes corrompus. Elle donnerait toute sa récompense à Sa Patrie, pour la gloire du Peuple.
« _Immonde capitaliste, l'argent ne sauvera pas ton âme...
_Bof, j'en veux pas de cet argent...
_Pardon ? Mais pourquoi tu joues ? Dégage ! Son anglais était parfais, elle le savait, et elle se maîtrisait pour ne pas l'insulter dans sa langue maternelle. Le Leader lui en voudrait sûrement d'avoir utilisé le Langage du Peuple pour un type aussi insignifiant.
_Et toi ? Pourquoi tu joues ?
_Pour la fierté du Peuple. Pour que le monde entier prenne peur.
_Pauvre nana...
_Tu viens de m'insulter là ?
_... »
Il ne l'écoutait plus. Elle avait joué pendant sa dernière phrase et lui jouait avec son stylo en réfléchissant à son prochain coup. On aurait dit un gamin. Il avait mit le stylo entre son nez et sa lèvre et s'amusait à en faire une moustache, et tous cela vraisemblablement inconsciemment puisqu'il ne voyait même pas le regard de dégoût qu'elle lui lançait.
« _Je perds mon temps avec toi, abandonne... » finit-elle par lui dire.
La partie lui avait échappée, et le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne savait pas quand. Elle avait refait son calepin en long et en travers. Et nul part elle ne trouvait le mouvement qui lui fit défaut. Elle ne lui avait pas reparlé depuis tout à l'heure mais son air supérieur avait disparu. Elle ne pouvait pas lui montrer qu'elle paniquait aussi elle se concentra sur le match et ses notes.
Lui n'avait absolument pas changé. Toujours aussi mou et toujours aussi las. Ses cheveux bouclés en bataille et ses lunettes carrées tranchaient face à Siwan qui était en uniforme féminin bleu marine, cheveux coupés court impeccablement et toujours en posture fière. Ce type représentait le summum de l'arrogance pour elle.
Elle décida d'utiliser son dernier coup, l'ultime recourt face à un homme quel qu'il soit. Elle déboutonna un peu son chemisier et remonta de manière imperceptible sa poitrine dont elle était si fière car elle rivalisait avec celles des femmes occidentales, puis elle agita son calepin pour se faire de l'air, mais ne changea pas d'attitude. Ce gros pervers se détournerai du match bien assez rapidement pour qu'elle n'ai pas besoin d'en faire plus.
Soudain elle capta un changement. Lorsqu'il fit bouger sa pièce, il le fit avec un peu plus de conviction. Après avoir joué et passé l'horloge, il s'avança sur la table et posa ses coudes. Son attitude était si incongrue lorsqu'il lui posa une question qu'elle en fut choquée : il la regardait avec intérêt. Pas un intérêt malsain ni pervers, mais un intérêt profond, lourd... Il la regardait dans les yeux, la tête posée sur ses mains en faisant fi de sa poitrine attirante.
« Et toi ? Pourquoi tu joues ? »
Il venait de jouer, et cette phrase répétée était teintée de défi, mais aussi de curiosité, voire de reproche. Piquée à vif au plus haut point, Siwan l'ignora du mieux qu'elle put. Faisant attention à ne pas baisser les yeux face à lui, elle étudia le coup. Elle l'avait vu venir mais s'était limitée à neuf coups d'avances pour cette possibilité.
Il était trop différent pour qu'elle ne fasse pas entièrement attention à son prochain coup. Elle étudia toutes les possibilités une par une, en poussant jusqu'au douzième coup. Et élimina toutes les possibilités qui menaient à l'échec. Il ne lui en restait que trois lorsqu'elle regarda l'horloge. Le temps était encore large, aucune table n'avaient finie sa partie et elle pourrait donc pousser plus loin que douze coups. Treize, aucune des possibilités n'étaient à écarter. À quatorze coup, elle en élimina une et une deuxième au seizième coup.
Elle était très fière d'elle, d'après ses calculs elle pouvait au minimum jouer vingt coups sans problème et sans échanges à sacrifices. Mais quelque chose la tracassait, aussi elle poussa jusqu'au vingt-et-unième coup. Et là, elle s'aperçut qu'elle perdrait. Elle refit tout son calepin, toutes les possibilités et le regarda, lui.
Il n'avait pas bougé de cette position ambiguë, à moitié dans le défi, à moitié dans le soutien et l'attente à sa question. Pourquoi jouait-elle maintenant qu'elle était sûr de perdre ? Perdre pour sa patrie ? Perdre pourquoi ? Elle devrait jouer jusqu'au bout et fièrement ! Il devait sûrement avoir triché ! Ils étaient tous pourris de toutes façon !
Et puis il comprit qu'elle s'était rendu compte de sa situation. Il leva alors la main vers elle pour la poignée de la victoire. Toujours assis, il la regardait avec un mélange d'admiration et de solennité. Il semblait comprendre sa situation à elle qui ne pouvait perdre, mais pourtant, il réclamait la victoire.
Siwan ne savait plus quoi faire ? Jouer jusqu'au bout ou accepter l'inévitable, accepter qu'il était plus fort qu'elle... Et puis elle repensa à Sa Patrie. Elle ne pouvait rentrer sans victoire, elle l'avait promis devant Sa Statue. Ses chefs comptaient sur elle pour montrer au monde l'écrasante supériorité de son jeu, l'écrasante supériorité de Son Pays.
Revenir bredouille signifiait perdre la face devant son peuple entier, devant son nouveau Leader et devant le monde entier. C'était trop. Avant qu'elle ne s'en rende compte elle s'était levée et serrait la main en pleurant silencieusement le plus dignement possible, tout en le fusillant du regard. Lui restait digne. Il ne souriait pas de manière arrogant mais plutôt de façon compréhensive, comme s'il voulait la soutenir.
Siwan devint soudain hors d'elle, et alors qu'elle était sur le point de lui crier à la figure le plus d'insulte possible, elle senti quelque chose dans sa manche. Il lui glissait un papier sans changer d'attitude. Elle en fut tellement secouée qu'elle s'arrêta dans son élan et se calma.
Le juge nota alors la victoire de l'américain pour le matin et libéra les deux protagonistes pour le repas. Elle partit avec un air si énervé qu'il la protégea des journalistes et elle alla dans sa chambre sans regarder derrière. Le tournoi se déroulait dans le même bâtiment qui était un magnifique hôtel et où elle disposait d'une suite simple mais spacieuse.
Elle claqua la porte en entrant et fondit en larme sur son lit. Elle n'avait pas essuyée celle de la poignée de main à cause de la colère. Allongée sur le ventre, elle enleva ses chaussures d'un coup de talon sans s'arrêter de pleurer dans son oreiller. Elle voulait que tout s'arrête et qu'au lieu de lui demander la victoire il la lui laisse.
Elle avait perdu face à l'ennemie jurée de sa nation, face au type de personne qu'elle détestait au plus haut point, face à un homme, face à un arrogant génie et face à un inconnu du monde des échecs. Mais elle savait au fond d'elle-même qu'il était juste plus fort qu'elle. Et pourtant elle avait gagné contre toutes les simulations informatiques qu'elle avait pu se procurer, elle avait regardé depuis son plus jeune âge les plus grands joueurs du monde entier, les plus expérimentés, les plus connus, les plus forts.
« Siwan au vingt-sept coups » comme l'avait surnommé son maître au pays, parce qu'elle était en avance d'autant de coups au meilleur de sa forme. Mais cela n'avait pas suffit, elle avait perdu. Ce type était un monstre...
Elle n'avait pas mangé, elle n'avait pas faim de toute façon. Elle avait pleuré pendant une heure avant d'hoqueter bruyamment. Elle avait essayé de crier mais sa gorge était sèche. Quand elle regarda l'horaire, il était quatorze heure trente, et la seconde partie du tournoi avait déjà commencé. Inconsciemment elle alluma la télé et zappa sur la chaîne de l'hôtel.
La caméra montrait le champion en titre, un indien dont elle avait du mal à prononcer le nom, et son adversaire à elle : Jesse Mark Fisher. Avec toute cette histoire, elle avait complètement oublié qu'elle tomberait face au champion actuel si elle gagnait son match. Avec rage elle suivit la partie.
Jesse était vraiment bon, un génie même, en se concentrant un maximum elle ne put prévoir tout ses coups. Face à lui, l'indien faisait pâle figure malgré son niveau démoniaque. Et pourtant Jesse semblait perdre. Il parlait joyeusement avec l'indien et semblait au plus haut du bonheur. L'indien lui-même semblait tout aussi heureux d'avoir un adversaire aussi admiratif.
Soudain Siwan s'aperçut que quelque chose clochait dans le jeu de l'américain. Alors qu'elle prévoyait vingt-cinq coups, elle s'aperçut qu'il perdait. Et pourtant ce dernier faisait semblant de ne rien voir. Et alors que la victoire de l'indien apparue clairement, le jeu s'arrêta. Jesse Mark Fisher avait perdu volontairement. Et seul des génies comme elle et lui pouvait le remarquer.
Jesse se leva pour capituler et l'indien, bien que vainqueur, lui semblait reconnaissant et admiratif, tout autant que l'avait été l'américain durant le match. Elle n'y comprenait plus rien. Il pouvait la faire gagner, elle, mais n'avait pas bougé le petit doigt, alors qu'il s'était plié subtilement face au champion du monde !
Sa rage et son incompréhension se mêlaient et elle se remit à pleurer sur son sort. Elle l'enviait, lui, le génie, celui qui n'avait pas de contrainte face à son pays pas de contrainte face à sa délégation. Elle attendait la sienne d'ailleurs. Ce tournoi n'était qu'une façade pour un échange entre son pays et la Chine. Mais elle devait pas perdre pour autant.
Alors que ses pleurs redoublèrent d'intensité face à l'idée d'une confrontation avec ses supérieurs elle senti quelque chose dans sa manche. Siwan se souvint immédiatement du papier qu'elle avait oublié à cause de sa colère et de ses larmes. Elle le sorti de sa manche et le regarda. C'était un bout de feuille de match déchiré en rectangle et presque translucide tellement elle l'avait mouillé.
Hébétée, Siwan mit quelques secondes à s'apercevoir que quelque chose était écrit dessus. Elle le retourna et lu : « Attends-moi ». L'attendre ? Lui ? Comment osait-il ? Comment pouvait-il se croire aussi supérieur que ça ?
De rage elle le jeta par terre et cria. Et à l'instant même où elle allait le piétiner, on frappa à sa porte. Par réflexe elle se jeta sur le bout de papier, et chercha à la cacher sur elle. Dans la surprise elle le cala dans sa poitrine et referma le bouton qu'elle avait ouvert pour le match.
« _Camarade Siwan ! C'est le colonel Wanghu ! Nous vous attendons dans une demi-heure dans la salle de réunion de la délégation, soyez exemplaire !
_Oui camarade colonel, je le serai ! » Répondit-elle automatiquement.
Les pas du colonel s'éloignèrent dans le couloir et elle souffla, les mains sur la poitrine. Elle s'aperçut alors qu'elle venait de cacher quelque chose au colonel. Le papier de Jesse Mark Fisher représentait un si infime espoir qu'elle l'avait gardé au plus proche d'elle.
Une demi-heure, c'est très long. Devait-elle attendre Fisher jusqu'au dernier moment ou bien s'arranger et partir maintenant, quitte à attendre un peu devant la salle de réunion ?
Elle avait peur. Elle avait perdu et était déshonorée, tout comme sa délégation était déshonorée et tout comme sa patrie l'était aussi. Une telle chose pouvait lui coûter la cour martiale, voire pire. Face à ce sombre avenir Siwan se remit à pleurer. Elle tenait dans sa main le mot de Fisher et pleurait assise sur son lit.
S'abandonnant à son sort, elle décida de ne pas sortir de la pièce, l'horaire était sur le point d'être dépassé quand deux coups se firent entendre. Elle cessa de pleurer et retint son souffle, son futur était en jeu. Jesse pouvait-il vraiment faire quelque chose pour elle ?
Un chuchotement se fit entendre, malgré le silence, mais elle due se rapprocher de la porte pour écouter : « C'est Jesse ! ».
Son cœur explosa et elle ouvrit la porte violemment. Il était là, debout, un peu plus grand qu'elle, une main dans la poche et l'autre là où se trouvait la porte une seconde avant. Ils se regardèrent dans les yeux et il sourit. « _Viens, c'est maintenant ou jamais... ». Siwan trembla de joie, ses jambes flanchèrent et il l'attrapa par le coude.
Instinctivement elle se retint à lui et le regarda avec toute la reconnaissance qu'elle était capable de lui donner. Jesse comprit sur l'instant et la prit dans ses bras comme une princesse. Elle rougit immédiatement et s'accrocha à lui. Dès qu'il fut assuré de son poids, il la porta jusqu'à la porte de secours et descendit les deux étages. Puis il sorti dans la rue et héla un taxi. Une fois installés ils partirent pour l'aéroport.
Le voyage avait duré deux heures d'avion et ils avaient traversé l'Amérique. Siwan été tellement tendue qu'elle ne put lui parler pendant le voyage et le soir, après qu'un autre taxi les ait menés devant un immeuble un peu vieillot en banlieue calme, elle s'effondra. Jesse la reporta dans ses bras et elle souvint évasivement de l'ascenseur, de la porte et du petit appartement. Puis il l'avait allongée sur le lit et elle avait sombré dans le sommeil.
Lorsqu'elle se réveilla en sursaut il était là, assis devant son ordinateur. Il se retourna vers elle et sourit. « _Ça va mieux ?
_Oui... j'ai dormi longtemps ?
_Non, quelques heures tout au plus.
_...
_Ne t'inquiète pas, ta disparition n'a pas été divulguée. Ta délégation a dit que tu te sentais mal et qu'ils t'avaient déjà rapatriée.
_Mais pourquoi ?
_Il faut sauver les honneurs, non ?
_... Oui... Pourquoi tu m'as prit la mienne alors ? S'énerva-t-elle.
_Pour te sauver toi...
_J'aurai été plus heureuse si tu m'avais laissé gagné !
_Vraiment ?
_...
_Ne t'inquiète pas, tu es à l'abri ici. Je te protégerai désormais. Tu ne crains plus rien. »
C'était beaucoup trop en une journée et Siwan se remit à pleurer partagée entre la rage et la joie. Elle tentait d'arrêter ses larmes intarissables quand il s'assit à côté d'elle, une boite de mouchoir à la main. Le remerciant silencieusement, elle commença à s'essuyer en reniflant. Puis elle s'aperçut en même temps que lui qu'elle tenait toujours son petit mot. Il sourit et soudain sa colère disparu.
Siwan pleurait de joie et inconsciemment elle s'accrocha à Jesse qui l'a prit dans ses bras. Ces bras qui l'avait portée, ces bras qui la protégeait étaient plus que tous ce qu'elle avait pu espérer. Alors qu'elle tentait de se remémorer le moment à partir de quand elle était devenue libre, elle lui demanda : « _Pourquoi moi ?
_Parce que tu en avais besoin.
_Mais je ne suis pas une occidentale ! J'ai les cheveux courts et le teint jaune !
_Tu es fille avec des gros seins, ça me suffit... »
Siwan rougit immédiatement et s'écarta de lui. Il rougissait aussi mais il lui souriait toujours. Elle n'en revenait pas qu'il se limitait à ces considérations. Néanmoins elle le reconsidéra de la tête au pied. Il était plus musclé qu'elle ne le croyait et avait un certain charme. Quand elle vit qu'il regardait sa poitrine, elle sourit. Elle était quand même arrivée à obtenir quelque chose avec cette technique...
Elle lui prit la main et la mit sur son cœur. Sa poitrine était trempée mais Siwan sentait la douceur de sa main. Tout en se rapprochant de lui elle lui déclara : « _Prends mon cœur s'il te plaît... ». Avec son autre bras il la serra contre lui : « _Tu l'entends ? Tu as déjà pris le mien... ».
Siwan lui lâcha alors la main et lui tenant la tête des deux mains elle l'embrassa. Tout en la serrant avec son autre bras, il la caressa puis commença à la déshabiller. Siwan sut alors que cette première nuit dans un monde inconnu sera la meilleure de sa vie...
Chers lectrices et chers lecteurs,
J'ai la joie de vous proposez la mailing list sur mon onirothèque afin que vous puissiez être prévenus lorsque je publie un nouvel écrit sur ce blog. Vu le rythme de parution vous ne risquez pas d'être spammé...
Autre nouvelle, j'ai entrepris la correction orthographique de tous mes écrits. Actuellement, seule ma première nouvelle en a profité (c'est que ça prend du temps ce truc!) mais les autres viendront à un rythme d'à peu près un écrit par mois. Cela me laisse le temps d'en faire d'autres au gré de mes inspirations ! ^^
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ! ;)
Commentaires
1. Misstouille le 31-12-2011 à 01:17:04
J'adoore:$
2. Kun le 31-12-2011 à 11:16:46 (site)
Tu m'en vois ravi ! ^^
3. ami_de_mistouille le 31-12-2011 à 21:35:59
Génial!!!
Une histoire d'amour dans un contexte historique, j'aime bien.
4. siawnn le 31-12-2011 à 22:01:26
Je suis arrivée un peu par hasard sur ton blog...j'ai bien aimé ton histoire les personnages et particulièrement Siwan ont une vraie épaisseur par contre (je me permets une petite critique constructive) j'ai trouvé le basculement de l'héroïne un peu rapide...allez je file lire d'autres histoires...
5. Kun le 01-01-2012 à 18:08:27 (site)
Merci de vos encouragements! ^^
siawnn => Dès le moment où Siwan perd la partie, sa vie reposant uniquement sur l'idéologie s'effondre et est menacée. Personnellement je trouve normal qu'à se moment là elle n'hésite pas à basculer. C'est peut-être aussi la preuve que cette idéologie ne repose pas sur des bases si solide que ça... ^^
6. Misstouille le 02-01-2012 à 00:31:13
Hum Je suis d'accords c'est un peu rapide la transition vers une autre vie complètement opposée,
et aussi le fait qu'elle n'ai pas beaucoup hésité à fuir,
mais en même temps elle est bouleversée par la découverte de la vérité sur le régime totalitaire de sa Patrie
,et ça donne aussi un petit charme différent qui change des histoires d'amour à l'eau de rose et barbantes, où l'on connait l'intrigue et la fin rien qu'en lisant le début...
Une autre façon de voir les choses, plus romantique...!
D'autres facettes que l'on découvre(!) grâce à tes nouvelles si agréables à lire ^-
A tôt bien très vite pour de nouvelles aventures j'espère!(Banga en route!)
7. fouch le 02-01-2012 à 18:14:26
belle histoire qui me fait quand même penser à des James bond et où l'espionne change de camp, ou bien meurt... celle-ci a changé de camp, rapidement certes, mais pas d'autre choix. le texte est halletant, la fin a plus de fautes que le début, superbe pour mettre l'eau à la bouche. J'ai toujours du mal à imaginer l'intelligence chez des personnages aussi stéréotypés, qui font abstraction de leur vie pour un système aussi dur. le schéma est juste difficile à faire passer, mais on se prend au jeu. Faut lire cela comme une nouvelle, et ça passe tout seul.
8. Kun le 02-01-2012 à 18:38:30 (site)
Comme dis fouch et pour te répondre Misstouille, C'est une nouvelle. Ce format est réduit et si je voulais aller au fond des choses j'en ferai un roman (j'ai déjà du mal à faire le premier alors je suis un peu refroidit ^^' désolé...)
Mais je ne considère pas cette histoire comme terminée non plus et donc, qui dit que Siwan change vraiment. Tout ce qui s'est passé c'est que ses peurs et ses émotions l'ont guidée vers un espoir éphémère qu'elle a su saisir. Et donc nous pourrions imaginer la suite de l'histoire qui raconterai son adaptation dans un monde occidental. A ce moment là on peut découvrir que son changement de camp n'est peut-être pas aussi facile que le laisse à penser le premier texte! ^^
Pour ce qui est des fautes fouch, je vais entreprendre cette année une grosse correction des textes de ce blogs. Mais là, c'est un peu trop pour moi... Je prendrais le temps après la rentrée! ^^
édité le 02-01-2012 à 19:47:52
édité le 02-01-2012 à 19:48:22
9. Visiteur le 02-01-2012 à 18:42:06
Oui, je suis d'accord avec Fouch, en lisant cela comme une nouvelle ça passe très bien. Oui je trouve aussi que la transition se fait bien vite. Une telle emprise d'un pouvoir et d'un Leader sur le mental de quelqu'un
est tellement fort, que cela prend tu temps pour s'en libérer. Même en suivant la voie de l'émontion, comme Siwan, cela n'est pas si simple. La peur des représailles n'élimine que très rarement un tel patriotisme, selon moi.
Ah je vois à l'instant que tu viens de poster un éclairage nouveaux sur cela... Oui l'émotion peut la mettre dans le flou et l'indécision, c'est sur... de ce point de vue je suis tout à fais d'accord avec toi Kun!
En tout cas, merci pour cette nouvelle qui évade notre esprit, et nous ballade dans l'inconnu. J'ai également apprécié, la subtilité qui fait que le texte ne rentre pas trop dans une prise de parti. C'est à dire, des bons et
des mauvais aspects sont présentés pour chaques "blocs", c'est intéressant. On sent néanmoins une prise de parti avec la fin: un résidus, donc produit, du mode de vie occidental, sauve un représentant d'un autre
bloc et également dans ton commentaire Kun!!^^ je ne cherche pas à lancer une discussion idéologico-politico-économique... etc C'est juste que j'aime bien laisser un bénéfice du doute planner sur tout, puisque nous sommes
tellement dépendant de nos conditionnements et de nos environnements pour interpréter les choses que laisser planner un doute permet toujours l'évolution et une ouverture. Je pense que l'affirmation est rarement
un bon mode d'expression, mais cela n'est qu'affaire de goût!^^
Sinon, j'ai une question pour l'auteur... oui j'adore converser avec l'auteur!!^^ Pourquoi aime-tu représenter (de manière générale) la gente féminine selon deux grand types de personalité, soit dure, stricte, sévère,
cruelle etc. soit douce, fragile etc. ou les deux suivis dans le temps ? Il me semble qu'il y a une infinité de variantes entre ces deux extrêmes... je trouve juste cela un peu réducteur dans le champs des possibles, mais
peut-être a-tu une raison? Si oui, je serais curieux que tu m'éclaire de tes lumières sur ce point! ^^
A bientôt!
10. Kun le 02-01-2012 à 19:02:09 (site)
Le fait que ce soit un occidental qui la sauve s'inscrit plus dans la dualité des blocs et l'ironie du sort plutôt que mon occidentalisation (vous l'aurez tous compris, je ne vis pas en Corée du Nord... XD).
J'ai vraiment essayé d'être neutre tout le long et si Jesse sauve Siwan, c'est vraisemblablement pour deux raisons, l'une c'est la pitié qu'il éprouve face à sa condition dans ce régime et l'autre, bien plus forte, c'est tout simplement parce qu'il est attiré par elle. Mais vu que je n'ai pas raconté le récit de son point de vue, il est difficile de montrer comment il a lutté pour ne pas être déstabilisé !
En ce qui me concerne au sujet de la gente féminine, en effet je choisie souvent des femmes avec des caractères un peu extrêmes, mais j'essaie aussi de les faire paraître naturelles (Et ceci demande un certain effort d'écriture pour un auteur masculin et amateur qui plus est). D'un parce que les nuances entre les deux ne me donne pas l'impression de sortir du lot, et j'aime les gens qui sortent du lot (dur à croire hein! ^^) et de deux parce j'aimerais voir aussi des femmes sortir de leurs conditions de "normalitude" fixées par la société alors qu'elles portent en elles suffisamment de ressource pour s'en affranchir. Je suis pas féministe extrême, mais je me plais à croire qu'une égalité de volonté et d'action est possible dans notre société et que la balance doit pencher en faveur des femmes en ce moment. ^^
Mesdames, allez-y!
11. Visiteur le 02-01-2012 à 23:07:59
Ok, merci pour ces précisions.
Oui, j'avais bien compris l'ironie du sort et la dualité des blocs, dans cette situation. On comprends bien les raisons de ce sauvetage, il n'y a aucun problème en ce qui me concerne, et je trouve même intéressant que
ce ne soit pas de son point de vue à lui. Ce que je voulais dire, ce n'était pas sur ses raisons, mais sur le résultat, c'est tout, car je ne peux m'empécher de considérer les situations sur le plus de niveaux possibles, en
l'occurance, le niveau politique avec la finalité apparente de ce sauvetage. Heureusement ce n'est pas le plus important içi, et ce commentaire de ma part n'était que pour indiquer un léger parti prix, probablement
non intentionné.
Merci de ta réponse qui apaise ma curiosité sur l'expression de la gente féminine dans tes nouvelles. Je connais des personnes au caractère extrême, du type de ceux que tu peux décrire, elle sont néanmoins naturelles.
Certaines même, si tu les prenais telle quelles et que les mettais dans tes nouvelles sembleraient trop artificielles et surfaites, mais elles existent et sont donc naturelles. Je ne pense donc pas qu'il y ait un lien entre
le degré d'extrêmisme de la personalité et son aspect naturel ou réaliste, mais bon, cela a peu d'importance dans ce que je pensais dire. Je suis comme toi, la normativité me répugne dans notre société actuel, et oui
j'aime les gens qui sortent du lot, mais cela ne se voit pas nécessairement sur leur caractère, selon moi, mais plutôt dans leur spécificité de réflexion et d'analyse ainsi que dans leur personalité qui n'en est qu'un
axiome finalement. C'est leur système logique, qui font sortir les gens de l'ordinaire, pas leur caractère. Si tu veux, pour te parler honnêtement, dans cette optique là, Siwan et les autres personnages féminines que tu as
crée, ne sont pas pour moi extra-normal, elles correspondent toujours à une norme, seul leur caractère est extravagant, mais cela suffit-il pour que quelqu'un sorte de la normalité. Ceux qui à une époque dansaient
la tectonique (et oui ça a bien existé ça... ce n'était pas un rêve!^^) se voyaient comme originaux de leur point de vue, mais tous ces tectoniciens entraient finalement dans un mouvement communautaire qui créait
une sorte de nouvelle norme parallèle qui avec le temps serait devenue banale si cela avait été poursuivis. Qu'est cequi poussait ces gens à faire cela? Un réflexe inconscient lié à un conditionnement de ces jeunes pour
tenter du neuf, de l'original... ce mécanisme réflexe sort-il d'une norme? A quel niveau se fait donc l'originalité? en voilà des pistes de réflexion sympa! ^^
Pour en revenir aux femmes, sur lesquelles pèse une pression importante en terme de normalité, à mon sens, mais je m'étalerais pas sur cela, c'est bien trop long à expliquer, sans compter que je suis un bavard!^^
Il est je pense toujours plaisant de voir une personne, quelque soit son sexe, s'affranchir de cette norme imposée à nos inconscient par nos intéraction et notre environnement, car cela n'est jamais simple, et tellement
libérateur. En ce qui concerne les nuances de caractère entre les deux extrêmes, je pense que, certes le caractère ne sort pas du lot, mais les caractères extrêmes non plus, ils sont des extrêmes de ce lot, pas des
originaux. Il est tout aussi probable de rencontrer une personne complètement "anormale", dans le bon sens du terme, chez une personne au caractère lambda que cehez une personne au caractère alpha ou omega.
Il suffit de creuser la connaissance que l'on a d'elle, pour s'en rendre compte, et c'est dans son discours, je pense, dans l'ordonancement des idées, des liens, les références qu'elle peut faire, que l'on décèle de l'originalité.
Quoi t'en pense? ferais-je du hors sujet là? ai-je perdu le lectorat?^^ Enfin, je dis ça... si ça peut te donner des idées pour faire comme Baudelaire dans les fleurs du mal, mais dans ce contexte çi, extraire
l'originalité de personnes qui semblent ne pas l'être, j'adore cette idée!^^
A bientôt!
12. Kun le 03-01-2012 à 18:18:24 (site)
héhé, On va arriver à la remise en question de ce qu'est la normalité et l'originalité finalement... XD
Personnellement, je pense que le simple fait qu'une personne pense sortir du lot est en soit une preuve d'originalité. A ce moment là, elle prend forcément du recul par rapport au regard des autres et prend conscience de ses différences. Donc le simple fait d'être un extrême est déjà une liberté en soi que prend la personne par rapport à la société.
Pour ce qui est du naturel je parlais plutôt de la complexité du personnage. L'esprit humain est tout sauf simple (et tu dois mieux le savoir que moi) et une nouvelle de 5 pages ne peut en présenter qu'un pouillème, d'où mes efforts (pas forcément avec résultats... XD) pour complexifier les personnages au delà de juste : "Je t'aime", "Moi non plus"...
13. Visiteur le 03-01-2012 à 23:27:39
Ha c'est vrai que l'on peut facilement tomber dans cette discution là, mais quand on y pense il ne s'agit que de notion abstraite n'ayant aucune existence propre, c'est limite des statistiques sur les aspects commun et répandus, et ceux qui s'éloignent de la répartition normale... oué, je vais pas continuer là-dessus, c'est hors de propos, mais c'est un sujet intéressant, c'est sur!
Alors j'aimerais te poser une question, peut-être un peu rhétorique c'est vrai, mais je la pose quand même: Crois-tu qu'il y ait des personnes qui ne se pensent pas originale? Je pense que tout le monde quelque part au fond de soi, on pense sortir du lot, on se convaint même que nous somme réellement différent dans le fond de notre être. Je ne pense donc pas comme toi, que penser sortir du lot, soit une originalité, au contraire s'en est le contraire, est cela fait directement référence à la nature humaine et son égo qui aime se valoriser en se pensant différent. Seuls ceux qui se dévalorisent, qui déprime, sont succeptibles de penser qu'ils manquent d'originalité. Il est dans la nature humaine de se mettre en avant sur nos points fort, nos différences, notre originalité, car cela répond à l'appel de l'égo. Enfin, c'est ce que j'ai appris, en lisant, mais en vivant aussi, et je le vérifie dans les gens que je rencontre, oui.
Au final, je finis par croire qu'il n'y a aucune norme, si ce n'est celle que l'on se plait à croire, celle qui reflète l'ensemble des points communs partagés par une majorité humaine, mais pourquoi croyons nous en cela? La réponse, enfin, la mienne, est évidente, imaginer une norme à partir de laquelle nous pensons différer... Il devient logique que nous vérifions notre originalité à chaque instant, puique cette norme est imaginée. Cela est, pour moi, un mécanisme initialement inconscient (oui, pour moi je trouve beaucoup d'éléments inconscients dans beaucoup de chose!^^) que nous joue notre égo, une sorte de tour de passe passe qui nous donne une bonne estime de nous-même.
A partir de là, qu'est-ce qui est extrême, et qu'est-ce qui ne l'est pas? Je ne saurais y répondre.
Le vrai recul, celui qui n'est pas illusoire comme celui que tu me dis là, va être dans l'acceptation de ce fait, je pense. La liberté, va donc être une liberation de l'égo et de son emprise d'illusion. Etre un extreme et en être conscient ne va faire qu'aller dans le sens inverse à mon avis, mais cela n'est pas nécessairement contre-évolutif, car se sentir différent, nous amène bien souvent à penser les choses sous un autre angle, à remettre en question des choses a priori fondamentales dans le meilleur des cas, c'est donc une voie tout à fait honorable, si l'on reste conscient de ses limites. De plus, dans ce cas là, on déjoue par notre interprétation "originale", les phrases des gens que l'on connait qui nous amènent à penser la normativité... oui, c'est pas clair ce que je dis là. En fait c'est lié aux clichés. Des personnes qui aiment correspondre à des clichés (genre boire de la bière devant un match de rugby, chez soi sur le canapé ^^ ce qui est cool d'ailleurs quand on en a le temps!) vont avoir des phrases qui peuvent faire croire qu'il existe une norme, et que si tu la suit pas, t'es bizarre. Mais ce qui est étrange, c'est que ces personnes, se pensent originales aussi, mais sur un plan différent de sa personalité, sur ses idées par exemple, ou ses valeurs! Enfin bref, se sentir différent nous permet de ne pas considérer comme obligatoire, les phrases et action de types normatives, car on cherche à s'en détaché, et on y réfléchis en plus, ce qui est bon en soi. En cela, oui c'est une prise de recul sur les dires des gens que l'on pense normatif. Attention tout de même, à ne pas vouloir tout faire dans le sens inverse à la prétendue norme, cela ne vaut guerre mieux que la suivre si l'on y croit. Ah oui, tout cela n'est pas forcément contradictoire avec mon précédent message, ou j'énoncais les cas ou l'on observait l'originalité. C'était une façon simple pour moi, d'établir des niveaux d'analyse, tout en parlant un langage simple, enfin le plus possible!^^ Je vais peut-être m'arrêter là sur ce point, ça vaut mieux non?^^ Oui quand je suis lancé, on m'arrête plus!
Oui, pour le naturel, j'imaginais bien que j'étais à côté de la plaque, pour ce que tu voulais dire. La complexité, oui je connais bien cela! ^^ rendre complexe pour être plus naturel, bonne approche je trouve. Bon après, on peut repartir sur notre ancien débat, complexe, bien sur, mais vraisemblable pour être humain aussi! ^^ t'inquiète pas, je ne repars pas par là. Non, mais j'aimerais réagir vite fait, sur ce que tu viens de me dire, complexifier pour rendre naturel un caractère extrême. Si l'extrême n'existe pas en soi, et que nous somme tous originaux dans notre construction, nous sommes tous complexes oui, et quelqu'un de prétendument extrême ne le sera pas plus. Complexe, tu le sais j'imagine, fait référence au nombre d'éléments de l'ensemble, et compliqué, au nombre d'interactions de ces éléments entre eux. Si une personne a un caractère "extrême", alors il suffit de prendre la même structure ou même complexité qu'une personne "normale" et de changer la nature de quelque éléments logique dans sa construction personnelle. Un exemple, une personne va avoir des idées et un comportement peu courant, genre sociopathe. Croit-tu que sa personne est plus complexe? Je crois que son vécu est différent, on le connais ou pas, il est connaissable ou pas, mais sa construction a suivit son cours en incorporant un vécu hors du commun, ou rare. Seul la nature d'un élément (ici, une expérience vécue) a changé tout ce que l'on perçoit de lui. Alors, il devient peu évident dans une nouvelle d'exposer le pourquoi de cet extrême, c'est vrai, donc autant se contenter de l'essentiel je pense, cela peut peut-être facilité la présentation des personnages. A voir, je sais pas ce que t'en dis, je n'ai pas ton expérience dans la fabrique de bonhomme de nouvelle.^^
A bientôt!
14. Kun le 25-01-2012 à 20:21:33 (site)
Après moult réflexions (et une période d'inactivité...) il me convient de redéfinir mes propos.
Pour le débat extrême/originalité, d'abord je réponds à ta question : Oui, il existe des gens qui ne se pense pas original. Mais je pense que c'est par humilité plus qu'autre chose. Par contre je suis plutôt pour dire qu'un certain nombre de personne (pour ne pas dire un nombre certain) ne sont pas originales et cela sans le savoir... Aussi pour originalité, j'associerais ça volontiers aux paradigmes scientifiques en disais que les personnes originales sont celles qui sont dans un paradigme différent de pensée que les autres et que ce dernier peut leur être propre. Mais dans tous les cas, ce paradigme est minoritaire. Bon, pour éviter de perde mon lectorat je n'irai pas plus loin (on peut en discuter en privé si tu veux! ^^) Et bien sûr, c'est la nature des expériences et la façon dont les gens les ont assimilés qui les différencient des autres, mais lorsque les gens sont dans une optique de "modèle" et de "mode" ils se référencent de manière automatique au à l'esprit du modèle ou de la mode. Ce modèle ou cette mode, c'est un courant de pensée, une personne célèbre, une vision communautaire...etc. L'originalité et surtout l’extrémité de mes personnages tient dans leur solitude je pense. Ils sont non seulement, seuls par leurs actions et leurs modes pensées (j'essaie aussi de faire ressortir ça de manière physique des fois) mais surtout, ils ne tentent par aucun moyen de le communiquer ou de le partager. C'est comme un trésor qu'il protège ardemment...
Pour ce qui est de nature et complexité tu as très bien décrit la chose, j'ai appris des trucs! ^^ En ce qui concerne la fabrique de bonhomme de nouvelle, personnellement je passe par deux étapes, d'abord le premier jet qui constitue une grand partie du texte final puis je repasse derrière pour le rendre "présentable". Mais si mes personnages ne sont pas très développés au début, il ne le seront pas vraiment plus ensuite. Ensuite, une nouvelle ça reste court comme format, pour qu'un personnage soit énigmatique et compliqué il faut se focaliser dessus dans le texte. Soit on passe par lui pour la narration, soit il est la cible de la narration, qu'elle passe par un autre personnage ou bien qu'elle soit externe. De mon côté, j'ai du mal à rester cohérent sur les écrits de grande taille (même les nouvelles) et j'affectionne particulièrement les instantanés et les moments forts. J'ai un mode d'écriture basé sur le ressenti et l'imagination, la méthode et moi ça fait deux... XD
édité le 25-01-2012 à 21:22:22
15. Visiteur le 29-01-2012 à 00:28:39
Ah enfin le retour de Kun! On va pouvoir continuer cette petite discussion alors! ^^
réponse pour le débat extrême/originalité: Donc tu crois réellement que des personnes non dévalorisées et non déprimées (ce qui reviens à quelques détails près, au même...), se pensent tout à fait "ordinaire", sans la moindre "originalité", sans la moindre particularité, sans rien qui puisse les distinguer (mis à part les traits physiques) d'une autre personne dans le même cas? étrange... et tu rajoute même que des personnes ne sont pas "originales" et ce, sans le savoir... j'ai bien compris? Je pense que ces aspects "d'originalité" dont tu parles sont les degrés les moins subtils de ce que tu crois que les autres sont, en d'autres termes, cette vision est une des premières que l'on acquiert quand on commence à réfléchir sur les gens, et c'est devenu à mes yeux, assez simpliste. Je m'explique, si je devais décrire très grossièrement la psychologie d'une personne, je dirais, qu'elle est composée de son conscient (qui contient l'intellect, cf le blog ou tu as écrit un article sur les sentiments... j'en parle dans mon commentaire), de son égo ( la représentation que l'on a de soi-même, en gros, c'est pas si simple que cela à définir à vrai dire, mais il est facilement démontrable que cette vision est faussée... enfin bref!), de son inconscient (construit par de multiples combinaisons mentales acquises) et en lien avec cet inconscient, la personalité (construite par mélange des trois autres, grosso modo). Ce que l'on croit être c'est bien souvent ce que l'on pense (ça c'est dans le pire des cas, je dirais), ou bien, l'ensemble du conscient de l'égo et de la personalité réunis, mais jamais l'inconscient n'en fait partie. Ce que l'on est finalement, c'est quoi? vaste question sur laquelle je ne m'épancherai pas, je sais que j'écrit déjà assez comme ça, j'ai même la flemme de me relire! Je dirais que ce que l'on est réellement, c'est ce que l'on découvre lorsque l'on procède comme Descartes avec son doute cartésien, mais en cherchant non pas ce dont on peut être sur, mais en cherchant ce qui ne peut plus être remis en question, qui n'est pas évoluable dans notre édifice psychologique, c'est ce que l'on découvre au fur et à mesure lorsque l'on fait un réel travail sur soi, de l'introspection vrai, pas seulement chercher à comprendre ce que les autres voient de nous-même ou pourquoi ils le voient, mais à chercher notre propre construction intérieure, pour en retrouver les fondations. Je ne sais pas toi mais je trouve que c'est joliement dit tout ça! ^^
Ce dont toi tu me parle là, j'ai l'impression que c'est de la personalité en fait, rien de plus. alors que j'englobait toutes les composantes de la personne, car l'origine de ce questionnement sur nous-même "comment suis-je? original ou ordinaire?" est, selon moi, produit de l'égo par l'égo et pour l'égo, et c'est difficile, je le reconnait, d'inverser le référentiel, comme l'a fait Copernic par exemple, mais c'est tellement plus juste quand on le conçoit ainsi. Les personnes qui ont l'air de ne pas se croire originales, tu l'as dit, c'est bien souvent par modestie, et la modestie n'est malheureusement pas ce que l'on croit, mais bien plus ce que ce que l'on fait croire (consciemment ou pas, c'est la question après), et il s'agit là de "paraître", d'image et donc in fine, d'illusion. Ces personnes là, si elle croient dur comme fer en leur normalité plate, ce sont des personnes à la psychologie auto-réductrice, et pathologiques. L'autre cas, celles qui ne sont pas, selon toi, originales, mais qui ne le savent pas. Cela fait référence essentiellement à la manière dont on les comprend. Je pense que tu ne fait référence là qu'à leur personnalité, qui semblent somme toute très communes, semblables à d'autres qui sont même présentées par les médias comme normales etc. C'est en cela que cette conception est légère, selon moi, car il ne s'agit que de l'observation des pensées ou de la personalité de la personne et non pas de son ensemble et encore moins de ce qu'elle est réellement et intérieurement. Si tu as suivis mon précédent message, tu as du comprendre que je voit les gens comme tous différents, à des niveaux différents également, et qu'il est pour moi impossible de dire que dans l'absolu, des personnes manquent d'originalité, car l'originalité est définie comme la distance à une norme, norme qui est une invention subjective destinée à nous sentir différent, afin d'avoir un minimum de contenance et d'assurance pour pouvoir se construire, c'est un mécanisme presque vital dans nos sociétés modernes en fait.
Les paradigmes... oui, ce sont d'autres mots pour définir cette norme subjectivement crée (si l'on pense à l'échelle comportementale), mais tu l'emploi dans le sens des pensées. Or les pensées sont bien différentes de nous, elles n'en sont qu'un sous-produit. Alors là, oui, il est possible de parler d'originalité, de normativité etc. car il s'agit de construction humaine socio-dépendante, mais si l'on part là dedans, il ne faut pas oublier qu'une personne peut être "originale" et avoir des pensées ou un même un paradigme très commun. Un exemple qui traite a priori de quelque chose de différent, les mots. Ce sont bien des constructions humaines, socio-dépandantes qui plus est. Alors parce que nous parlons la même langue, nous employons les même mots, les mêmes types d'expression, alors nous sommes tous similaires, et l'originalité nous est impossible? C'est là, de façon imagée, ce que j'ai l'impression que tu viens de dire. Dans une telle situation, des personnes sont originales, si elles parlent une langue différente, excuse moi, mais cela est absurde. Pourquoi me suis-je permis ce parallèle? Simplement parce qu'un idée, un paradigme ou même une langue, ne sont que des éléments immatériels qui circulent d'un cerveau à l'autre, mais qui ne sont propres à aucun. Une façon de voir le monde, n'est rien d'autre qu'une grande combinaison d'expériences et de gobage (je ne sais pas si ce mot existe...) de pensées parfois pré-digérées pas la culture ou le système social. Le produit au final peut être original, c'est vrai, mais c'est rare qu'il soit propre à une seule personne, même si les vécus sont différents, car un paradigme est général, englobant, et il n'y en a pas des masses. Mais en aucun cas, un manque d'originalité du paradigme n'indique un manque d'originalité de la personne qui en est à l'origine, c'est seulement un manque d'originalité des environnement dans lesquels a baigné la personne, rien d'autres.
Finalement l'originalité dont tu parles n'est rien d'autre que ce que font les gens de leur environnement psychologique, pas ce qu'ils sont, ni comment ils sont. Je comprends ce que tu veux dire, par trésor, construit par isolement, ou solitude. Mais si je peux me permettre une critique, imagine que tout le monde fasse cela, garder pour lui-même son paradigme et ne pas le mettre à l'épreuve des autres paradigmes. Crois-tu que c'est ainsi que l'on obtient un paradigme? Comment celui-ci apparaît? Par d'incessants allers et retours entre observations et interprétation, comme en science. La confrontation avec les autres paradigmes existants, est une façon judicieuse d'améliorer son paradigme car cela nous amène plus rapidement des observations nouvelles et donc à refaire encore des allers et retours, afin de l'améliorer. Imagine que les scientifiques gardent pour eux-mêmes leurs théories, croit-tu que cela puisse les amener à mieux comprendre le monde? A ce qui me semble, la science fait exactement l'inverse. Tout ce que je veux dire, c'est que n'importe qui peut avoir son propre paradigme, mais celui-ci ne vaut strictement rien s'il n'est pas testé par mise à l'épreuve des autres paradigmes. Au moins on voit s'il est fiable ou pas de notre propre point de vue, mais s'il s'écroule au moindre choc, est-ce réellement un trésor? Nous sommes une espèce grégaire, sociable, celà implique que l'évolution d'un individus se fait autant grâce à lui-même que grâce aux autres. Je ne croit pas en l'indépendance totale, c'est sur!
Pour terminer ce long speech, c'est sympa de nous communiquer ta "méthode" de fabrique des bonhommes! ^^ Pourquoi as-tu du mal à rester cohérent sur de longs écrits? C'est justement un moyen intéressant selon moi pour affiner les traits du personnage et surtout son évolution, et en plus cela peut très bien se faire sur le même mode, par ressentis et imagination. Ce n'est pas parce que c'est plus long que c'est nécessairement plus riche en détails, ou bien que cela enlève de l'émotion. Pourquoi ne pas faire comme en amour, des moments instantanés et forts cadencés par des moments de brise calme permettant la mise en place de la suite. Je pense même que cela permettrait de créer des modulations de la puissance des moments forts, il pourraient l'être encore plus que si l'écrit était juste court, car la notion de contraste entre les période de l'écrit, peut jouer sur le ressentis et l'émotion selon moi. Un bon thriller, contient un suspens qui nous tient en phase de préparation psychologique à un évènement intense, qui en fait ne serait pas si intense que cela s'il n'avait pas été favorisé par une préparation du spectateur, ou du lecteur. Enfin, je propose ça, mais j'y connais pas grand chose de ce côté là.
J'espère ne pas avoir été trop long et lourd à lire, mais les choses les plus simples, sont bien souvent les plus difficiles à expliquer, et nécessitent donc parfois plus de mots, notre lexique n'est pas encore fait pour ça, il faut croire! ^^