[Quelques vers qui viennent de me sortir de la tête pour entrer dans celle d'un guerrier qui s'abandonne à sa rage pour survivre à une bataille...
Bonne lecture!]
Je frappais sans cesse, sans m'arrêter.
La pierre, le métal, l'os, les corps.
Perdu dans cette bataille titanesque j'avais estimé
Que pour survivre il fallait que j'aille loin, très loin,
Dans les tréfonds de mon esprit
Et que je m'abîme à la rage et à la folie
Qui habite les prédateurs intelligents
Que nous étions à l'aube des temps.
Mon corps bougeait tout seul, sans esprit, sans voir.
Le flot de combattant était tellement important que l'action semblait infinie,
Tel un éternel recommencement de massacre et d'équarrissage.
Vaincu par les sentiments les plus sombres de mon inconscient
Mon âme s'était retirée de la réalité.
Je ne recevais plus que des sensations,
Des bruits, des couleurs, le goût du fer et le goût du sang.
Ivresse de la mort, ton appel me noie dans l'abandon,
Jamais je n'ai été aussi près de toi,
Jamais tu ne m'as paru aussi lointaine...
[Voici un court récit imaginé en trois minutes et écrit en une heure... J'espère que vous apprécierez l'ambiance ! ^^
Bonne lecture !]
Comme chaque année, je venais participer à la course de vitesse sur le lac salé. Je courrais dans la catégorie cent à cent cinquante chevaux. En gros, il fallait utiliser une voiture de série bien carénée pour ensuite passer du temps sur le moteur sans gonfler la puissance. C’était du travail de précision, j’aimais bien ça. Et puis, on pouvait réutiliser la voiture ensuite.
Mon secret c’était de faire un nettoyage extrêmement minutieux et bien calfeutrer les filtres pour que le moteur exprime pleinement sa puissance affichée. L’an dernier j’avais battu le record, mais là il vient de m’échapper. J’avais égalé le mien, mais un autre type, un texan je crois, avait trouvé une série avec un meilleur carénage et un moteur un peu plus endurant. Bon, je m’en remettrai facilement, ce n’est qu’un passe temps pour moi.
En fait, je participe à ces course plutôt pour l’ambiance. Chaque année apporte son lot de tarés qui amènent des véhicules complètements fous. Cette fois c’était un français. Sans prétention aucune, il participait uniquement pour le record maximal de vitesse. En gros, il devait dépasser le mach 1 atteint par Andy Green avec son turboréacteur. Moi, je ne considérais pas vraiment ça comme étant une voiture, mais bon ça fait plaisir au public.
Ce type venu d’Europe était assez jeune, il ne devait pas avoir la trentaine et il avait fait passer à toutes les personnes présentes à la convention un moment que personne n’oublierait. Lorsqu’il avait inscrit son véhicule, il avait annoncé, bien fort pour que tout le monde l’entende, qu’il n’avait pas de turboréaction mais bien des moteurs à explosions sur son véhicule.
Ce dernier ressemblait à une portion découpé dans une aile d’avion avec des propulseurs au bout et deux gigantesques entrées d’air découpée dans la carlingue. Les roues étaient fines et au nombre de huit, quatre de chaque côté par paires de deux. Ce qui était le plus surprenant, c’était les moteurs : ils avaient les chambres de combustion, là où se produisait l’explosion qui déplaçait le cylindre, à moitié ouverte sur l’extérieur.
Personne ne comprenait comment il allait avoir assez de puissance pour simplement avancer si les explosions de ses moteurs n’étaient pas retenues dans les chambres. Enfin, sur le dessus, à l’arrière, il y avait un aileron qui doublait la hauteur de la voiture et qui était comme une poignée pour la retenir. Bref, c’était encore un fou venu tester une machine folle que personne ne souhaitait voir marcher, ne serait-ce parce qu’on avait le sentiment que sinon, il reviendrait.
Je me souviendrais toujours de son discours avant d’entrer dans son véhicule. Il avait demandé à passer le dernier de tous et tout le monde était curieux de voir son essai, ne serait-ce que pour s’en moquer bien grassement. Il s’était mis debout sur la carlingue et avait brandi un mégaphone : « Salut à vous les ricains ! Je suis le frenchie qui vient marcher sur vos plates bandes et qui va vous secouer les prunes ! Et vous allez avoir du mal à vous en remettre ! Mouahahahahahahahah ! ».
Son rire à glacer le sang, je m’en rappellerai toute ma vie. Personne n’osait rire tellement il semblait sûr de lui, et fou. Le grand Andy Green avait explosé un record que, même cette année, les voitures à hydrogène n’avaient pas réussi à battre. Et pourtant, elles s’en rapprochaient petit à petit. Et lui arrivait avec un truc expérimental qui fonctionnait plus comme un double gros tracteur qui perdait un maximum de puissance.
La piste était bordée de capteurs de vitesse qui calculaient le temps parcouru entre deux portions. Lui avait demandé à ce que l’on en place tout le long du parcours, c'est-à-dire les trente kilomètres du lac salé. Je me souviens encore de ce silence tendu lorsqu’on attendit son démarrage moteur.
Bien qu’on s’y soit préparés, nous fûmes surpris par la puissance des explosions du moteur qui s’échappait par les chambres ouvertes. Dès la première explosion le véhicule eu un soubresaut et une flamme de propulsion s’en échappa. Concrètement cela signifiait qu’une seule explosion faisait tourner l’axe plusieurs centaines de fois. Lorsque nous comprîmes cela, nous nous pétrifièrent devant tant de puissance dégagée, il pouvait en effet dépasser le record…
L’enchaînement d’explosions s’accéléra au fur et à mesure. Il n’avait pas parcouru le cinquième du parcours lorsque que tous les bangs se confondirent en un bruit sourd, sa vitesse atteignait les sept cents kilomètres heure, son accélération grimpait de plus en plus vite et son véhicule tremblait comme s’il était pris de spasmes à haute fréquence. Lorsqu’il atteignit le premier tiers du parcours, le bruit était assourdissant et il venait de dépasser mach 1. Éberlués, nous le regardions avancer toujours plus vite, les yeux rivés sur le calculateur du grand écran.
Et juste avant d’avoir atteint la moitié du parcours, alors qu’il était déjà vainqueur, il ferma ses chambres de combustion. La vidéo était très claire, nous vîmes les flammes des côtés disparaître et celles de la propulsion s’allonger exponentiellement à mesure qu’il avançait. La caméra avait du mal à le suivre et le compteur s’était bloqué à « over 6000 ». Il parcouru la deuxième moitié du lac en un temps tellement court que tout le monde cherchait à comprendre ce qu’il venait de se passer.
Nous étions figés devant le résultat. La voiture-aile d’avion avait ouvert une dizaine de gros parachutes au dernier cinquième de la course et s’était arrêtée à quelques mètres du bord du lac salé. Le pilote en sorti, mais il n’enleva pas son casque. Tout le monde n’attendait qu’une seule chose, que l’équipe de mesure de la vitesse finissent de vérifier ses chiffres et qu’elle les affiche. Le silence était pesant, et tout le monde avait vu la performance du français, tous, nous voulions savoir s’il était complètement fou ou bien un dieu de la mécanique.
Puis un compteur s’afficha, cinq, quatre, trois, deux, un. Quatre chiffres se dévoilèrent, quatre chiffres identiques, quatre huit. Huit mille huit cent quatre-vingt huit kilomètre à l’heure, c’était près de huit fois le record précédent. C’était une démonstration d’un génie venu d’ailleurs, les États-Unis ne s’en remettraient pas…
1. BopbOpboP le 24-08-2012 à 19:19:19
Voila mon avis:
Très bonne nouvelle, bien complète (le début pose très bien le décors, et la fin referme l'évènement, c'est parfait). Peu de répétitions, j'ai également apprécié la facilité avec laquelle tu commence l'intrigue avec le narrateur pour continuer avec le vrai sujet, le français. C'est très fluide, on est emmené par le récit, et donc aucune raison de s'arrêter.
Je n'ai pas trop compris l'explication des moteurs, mais ça ne m'a pas dérangé pour autant =).
La dernière phrase m'a un peu perturbé, par contre. Elle fait un peu chauvine. Soit c'est le but, soit peut-être aurait-il fallut (que de conditionnels!) qu'au lieu des états-unis, tu parles seulement de la course (internationale), ou alors des participants(qui ne sont peut-être pas tous américains?). Parce là on dirait que tu parles des Etats-Unis dans son ensemble (économie, militaire, education, santé, etc..), et je doute qu'une course puisse faire trembler l'amérique.
Bref, en tout cas bravo, continue comme ça!
2. Lyokoi le 24-08-2012 à 20:42:38
Merci pour ton commentaire ! ^^
Pour comprendre la dernière phrase, il est vrai qu'il faut comprendre l'ambiance de ces courses annuelles sur le lac salé. En fait, elle sont monopolisées par les américains (puisque ça se passe chez eux... XD) mais quand même ouvertes à l'international.
En fait, le narrateur est américain, le public est américain, et toute la course est la fierté de ce beau monde qui se considère comme dignes représentants de leur pays. Mais lorsqu'ils se font retourner par le français, et bien c'est tout leur monde qui s'écroule. Ils ne seront plus les américains organisateurs et vainqueur.
C'est un peu ma vision de ce que peut être ce genre de concours très phallocratique où la nation se résume au contour du lac salé... De ce fait, même si le narrateur est un peu extérieur à ce monde, ou en tout cas pas complètement dedans, il assiste à sa chute, à la chute de cette Amérique des bolides de vitesse. ^^
Mais j'avoue qu'avec un œil extérieur cette phrase peut porter à confusion.
3. fouch le 02-09-2012 à 19:52:38
bien pour le ryhtme, c'est vrai on entre très vite dans l'histoire. On rèverait que techniquement tu ais évoqué quelquechose de réel, mais il faut rester dans la science fiction pour finir la lecture! Pour ce qui est des américains, ile ne sont pas aussi clochers que nous et sont parfaitement capcable de reconnaître leur pairs à partir de critères communs. la vitesse sur le lac salé en est un. ! et Michel Vaillan,t dans tout cela?
4. Lyokoi le 02-09-2012 à 22:42:27
Roooh, il faut pas le prendre comme ça... Le monde que je décris est forcément biaisé ! ^^
Pour ce qui est de la science-fiction, j'y peux rien. Il fallait que ce soit complétement fou, une bonne grosse claque. Et j'aime ça de toute façon ! ^^
5. fouch le 03-09-2012 à 17:24:21
Bon, en tout cas, on en rêverait de trouver une solution énergétique qui crée de lénergie à partir d'un élément d'inertie. cela existe avec les volants d'inertie, qui font durer plus longtemps une impulsion de base. leur inconvénient: le poids. car porter au départ un poids lourd demande plus d'énergie d'origine pour le rendre plus efficace! bref, on tourne encore en rond. On en ferait un poeme!
6. Lyokoi le 03-09-2012 à 22:02:32 (site)
Le truc c'est que je passe à côté de presque tous les détails techniques. Mais j'ai essayé de penser à tout avant de l'écrire (ou pendant l'écriture). Notamment, je passe à côté des matériaux, du carburant, etc.
Un poème sur la mécanique. ^^' Un vrai défi littéraire !
7. FOUCH le 13-09-2012 à 20:33:43
tout en ragardant un Matrix, cela me fait penser à un poeme technologique, et non seulement le défi mais encore la vraissemblance. et la question reste toujours: dans des scénarios assez compliqués, et quelque peu fantastiques, ne faut il pas aussi, pour les garder crédibles, créer des lois spcifiques sur la physique imaginaire, et quelques principes un peu ..... extraordinaires... donc l'idée d'un poeme qui se veut concis tout en donnant des règles spécifiques doit être un sacré exercice, sachant que la poesie parle généralement d'états d'âme, de ressenti, dans cette musique formée par le rythme des vers, et les notes des rimes. mais un sacré défi, certes!!!
Commentaires
1. Propers5 le 18-08-2012 à 08:02:55
Très belle projection dans le personnage.
Bravo!
2. Kun le 18-08-2012 à 08:33:02 (site)
Merci beaucoup ! ^^
3. fouch le 03-09-2012 à 17:29:34
pour un guerrier de bande dessinée ou de film, c'est parfait. je me demande si les guerriers de la guerre de 14 ressentaient la même chose. ces derniers étaient mis sous l'emprise de l'alcool pour qu'ils ne ressentent pas trop la peur. Ceux qui refusaient d'y aller étaient très sévèrement punis. La bataille et la mort restent une impression terrible qui finalement se retrouvent bien dans ta description.
4. Kun le 03-09-2012 à 22:07:51 (site)
L'idée générale c'est l'oubli de soi-même pour survivre face à l'horreur. presque automatiquement cela laisse la porte ouverte à l'instinct animal et la rage violente pour la survie qui l'habite.
Que ce soit en 14 ou pendant n'importe quelle autre guerre, je doute fortement qu'un esprit sain puisse en ressortir indemne.
5. Shaara le 05-10-2012 à 18:32:13
Très beau poème, on ressent bien l'esprit des Wookies, toujours à faire dans la dentelle, en tout cas, j'aime beaucoup